Moldavie : après le blocage de 22 médias russophones, Moscou dénonce une «violation grossière de la liberté d'expression»
La porte-parole de la diplomatie russe a fustigé le 24 octobre l'interdiction de diffusion par la Moldavie de 22 chaînes d'information russophones. Une censure qui tombe à point nommé, alors que le Premier ministre moldave était ce 25 octobre à la Commission européenne pour briguer l'adhésion de son pays.
«Les habitants de la République [de Moldavie] ont reçu une nouvelle preuve que les autorités de Chisinau sont plus préoccupées par les lubies conjoncturelles et les dispositions russophobes de leurs protecteurs occidentaux que par les intérêts du peuple moldave», a déclaré le 24 octobre Maria Zakharova dans un communiqué publié sur le site de la diplomatie russe.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères réagissait à l'annonce le même jour, par le Service de sécurité et de renseignement de Moldavie, de l'interdiction de diffusion de 22 sites d'information russophones, parmi lesquels RT, Zvezda, VGTRK, Tsargrad, Radio Mayak et NTV.
«Cette décision ouvertement hostile envers la Russie est une énième manifestation de la politique antirusse irréfléchie des autorités de Chisinau», a conclu la diplomate, non sans avoir souligné qu'il s'agissait d'une «violation grossière de la liberté d'expression et du droit de la population à l'information en langue russe».
Une censure systématique et croissante...
Cette restriction des médias russophones n'est pas nouvelle puisque, déjà le 26 février 2022, l'accès au site Sputnik Moldavie avait été bloqué. Les autorités ne s'en étaient pas tenues là : le 13 septembre dernier, le patron de la chaîne Vitali Denissov avait été expulsé sans ménagement.
Hasard du calendrier ou volonté politique, le député socialiste d'opposition Bogdan Tirdea avait tranché et établi sur sa chaîne Telegram un parallèle entre cet événement et l’arrivée à Chisinau du chef adjoint de l'OTAN, Mircea Geoana, qui devait notamment s’entretenir avec les autorités moldaves au sujet de la lutte contre la désinformation. Cette décision avait été condamnée également par l'ancien président moldave, Igor Dodon, sur sa chaîne Telegram.
En outre, depuis mars 2022, les émissions russes d'information et à contenu politico-social sont interdites dans le pays. Et depuis le mois de décembre de la même année, les autorisations d'émettre avaient été retirées à six chaînes russophones sous prétexte d'un «traitement de l'information incorrect concernant les événements nationaux et le conflit en Ukraine». Quatre autres avaient été contraintes de payer des amendes.
Enfin, entre les mois de janvier et avril de cette année, l'accès aux sites russophones d'information EAdaily.com, bloknot.ru, RuBaltic.ru, politnavigator.net et news-front.info a été bloqué, ainsi qu'à cinq autres sites rattachés à l'agence Sputnik.
... à la veille d'échéances décisives
Maria Zakharova a souligné que cette censure pesante intervenait «moins de deux semaines avant les élections locales du 5 novembre, sur fond de faibles intentions de vote des candidats du parti au pouvoir», ce qui lui laisse supposer que les autorités «tentent ainsi d'améliorer leurs résultats».
Autre événement important : le Premier ministre moldave Dorin Recean se trouvait aujourd'hui en visite officielle à la Commission européenne pour discuter avec la vice-présidente, Vera Jourova, du processus d'adhésion du pays à l'UE. Il y a évoqué la mise en œuvre des neuf recommandations de la Commission, en tête desquelles se trouvent la lutte contre la corruption et la réforme de la justice.