Canada : Trudeau annonce un projet de loi en réaction aux manifestations devant les hôpitaux
Agacé par les manifestations contre les mesures sanitaires, le Premier ministre canadien, en campagne électorale, veut une loi pour pénaliser le fait d'«entraver l'accès à des soins de santé» et d'«intimider et menacer un professionnel de la santé».
Justin Trudeau passe la vitesse supérieure face à la contestation anti-mesures sanitaires au Canada. Le Premier ministre a annoncé à Vancouver le 13 septembre qu'«entraver l'accès à des soins de santé deviendra une infraction, tout comme intimider et menacer un professionnel de la santé ou toute personne cherchant à recevoir des soins».
L'intimidation et les menaces n'ont pas leur place dans nos hôpitaux et nos cliniques. Entraver l'accès à des soins de santé deviendra une infraction, tout comme intimider et menacer un professionnel de la santé ou toute personne cherchant à recevoir des soins.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) September 13, 2021
En campagne pour sa réélection à un troisième mandat, le chef du gouvernement libéral a proposé ce projet de loi dans un contexte de multiplication des manifestations devant les hôpitaux du pays.
«C'est un peu ridicule» d'en arriver là, a-t-il concédé lors d'un déplacement électoral en Colombie-Britannique, mais il a justifié la mesure ainsi : «Les travailleurs de la santé ont fait des sacrifices énormes pour mettre leurs familles à l'abri des risques, pour servir la communauté, pour nous garder en vie et maintenant, ils ont besoin qu'on soit là pour eux de façon non équivoque».
Les hôpitaux ne sont pas les seuls bâtiments concernés par le projet de loi, c'est également le cas des centres de vaccination, des centres de dépistage, des pharmacies et des cliniques d'avortement.
N'y a-t-il pas un hôpital que vous devriez être en train de déranger en ce moment ?
Peu après l'annonce de cette mesure le 13 septembre, Justin Trudeau s'est emporté face à un manifestant. Alors qu'il devait être interviewé à l'extérieur des studios de la chaîne Global News à Vancouver, le Premier ministre a dû réaliser l'entretien à l'intérieur. En cause, des manifestants devant les locaux du média, qui «s'acharnaient à crier des obscénités au sujet de monsieur Trudeau et de son épouse», selon l'agence La Presse canadienne. «N'y a-t-il pas un hôpital que vous devriez être en train de déranger en ce moment ?», a lancé le chef du gouvernement, placide, avant de s'engager dans l'édifice, selon les images de Global News et CBC News.
En déclenchant ces élections anticipées à la mi-août, le libéral Justin Trudeau espérait pouvoir retrouver à la chambre des Communes la majorité qu'il avait perdue lors des élections de 2019. Mais à six jours du scrutin, le suspense est total puisque les sondages le placent dans un mouchoir de poche avec le conservateur Erin O'Toole.
Sur le terrain, Justin Trudeau est suivi par une foule de manifestants en colère contre les mesures sanitaires à chaque déplacement électoral. L'un d'entre eux lui a même jeté des graviers le 6 septembre. Le 27 août, cerné par des manifestants, il avait été contraint d'annuler un meeting électoral.
A l'aube de la dernière semaine de campagne, les deux grands partis sont donnés entre 30 et 34% des intentions de vote, et le Nouveau parti démocrate autour de 20%. Si aucun des deux partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n'est en mesure d'obtenir une majorité des 338 sièges en lice au parlement fédéral, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire.