Pavel Dourov critique la police française qui demande l’implémentation d’une porte dérobée dans Telegram

Le fondateur de Telegram, Pavel Dourov, a annoncé, le 21 avril, que le préfet de police de Paris avait demandé qu’une porte dérobée soit implémentée dans l’application afin de consulter les messages des utilisateurs. Pourtant, cette mesure faisait partie d’un projet de loi rejeté par l’Assemblée nationale.
Suite à sa mise en examen à Paris pour complicité d’activités criminelles, Pavel Dourov, fondateur de l’application Telegram, avait été autorisé, le 15 mars, à quitter la France.
C’est depuis Dubaï, où son entreprise est basée, qu’il a publié un message sur son canal officiel Telegram, dans lequel il révèle que le préfet de police de Paris avait demandé l'installation d’une porte dérobée (backdoor) permettant de consulter les messages des utilisateurs.
Une mesure rejetée par l’Assemblée nationale
Dourov rappelle que la demande du préfet de police fait partie d’un projet de loi que l’Assemblée nationale a rejeté il y a un mois.
Ce projet de loi obligeait les applications de messagerie à implémenter une porte dérobée permettant aux policiers d’accéder aux messages privés des utilisateurs. Le texte avait été adopté par le Sénat, puis rejeté par l’Assemblée nationale.
« Le mois dernier, la France a failli interdire le chiffrement », a écrit Pavel Dourov, précisant que cela aurait fait de la France « le premier pays au monde à priver ses citoyens de leur droit à la vie privée ». Le fondateur de Telegram souligne que même les pays que beaucoup d'Européens considèrent comme liberticides n’ont jamais interdit le chiffrement des messages échangés dans les applications.
Une loi inefficace
Selon Pavel Dourov, le projet de loi proposé dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue n’aurait pas été efficace. Il rappelle qu'il aurait suffi aux criminels de choisir une autre application parmi les dizaines disponibles pour crypter à nouveau leurs messages et d’utiliser un VPN pour rendre leur traque par les autorités encore plus difficile.
La mesure proposée dans ce projet de loi et sollicitée par le préfet de police de Paris risquerait fortement de compromettre la vie privée des utilisateurs, explique Pavel Dourov. « Une fois introduite, une porte dérobée peut être exploitée par d'autres parties — des agents étrangers aux pirates informatiques », a-t-il noté.
Menace de quitter le marché européen
Dans son message, le fondateur de Telegram rappelle qu’en 12 ans d’existence, son application n’a jamais divulgué un seul message privé dans le cadre d’une procédure judiciaire. « Telegram ne divulgue que les adresses IP et les numéros de téléphone des suspects criminels — pas les messages », a-t-il précisé.
Selon lui, un projet de loi similaire à celui rejeté par le Parlement français a été proposé par la Commission européenne pour permettre l’implémentation d’une porte dérobée, exposant ainsi les messages échangés à travers les applications de messagerie.
Il ajoute que son entreprise [Telegram] « préfère quitter un marché plutôt que de miner le chiffrement avec des portes dérobées et de violer les droits fondamentaux ». Pavel Dourov lance une pique à ses concurrents en écrivant que « certains ont troqué la vie privée contre des parts de marché ».