Une ministre canadienne crée la polémique en appelant les Taliban «nos frères»
La ministre canadienne des Femmes et de l'Egalité des genres, Maryam Monsef, a appelé les Taliban «nos frères» le 25 août. Des propos qu'elle a aussitôt atténués mais qui n'ont pas empêché de créer la polémique dans le pays.
«Je veux profiter de cette occasion pour parler à nos frères, les Taliban», c'est par ces mots que Maryam Monsef, ministre canadienne des Femmes et de l'Egalité des genres, s'est exprimée lors d'une conférence de presse, le 25 août.
Si la conférence avait pour but de rendre compte de l'évolution des évacuations déclenchées par le Canada en Afghanistan, l'étrange choix des mots de la ministre a retenu l'attention des journalistes présents, et ce d'autant que Maryam Monsef a demandé dans la foulée aux Taliban d'«assurer le passage sûr et sécurisé de tout individu en Afghanistan hors du pays». De tels propos détonnent d'autant plus que Justin Trudeau a tenu à qualifier les Taliban de «groupe terroriste».
Un rétropédalage qui entretient l'ambiguïté
Face aux questions lui demandant d'éclaircir sa pensée, Maryam Monsef a ensuite tenté un rétropédalage en qualifiant les Taliban de terroristes tout en affirmant que «la référence aux frères est une référence culturelle, bien sûr». Une ambivalence qu'elle a entretenue en ajoutant qu'«en termes de terminologie, si vous parcourez des messages à travers le pays, les musulmans se réfèrent aux autres comme des frères et sœurs».
«Soyez assuré que je continue de croire profondément que les Taliban sont une organisation terroriste», a-t-elle poursuivi tout en affirmant que l'islam est incompatible avec le terrorisme : «Les Taliban sont un groupe terroriste et pourtant ils prétendent être musulmans.»
La ministre a également avancé que si les Taliban veulent être reconnus comme un gouvernement légitime à l'avenir, ils doivent agir comme tel en respectant les minorités, et en mettant fin à la violence. Maryam Monsef est elle-même afghane, ses parents ayant fui le pays déchiré par la guerre.
Le gouvernement Trudeau a utilisé un langage totalement inacceptable
Le journaliste québécois Mathieu Bock-Côté a réagi sur Twitter en faisant part de sa stupéfaction : «Une ministre de Justin Trudeau parle de... nos frères les Talibans ! Le Wokanada est en marche...»
Une ministre de Justin Trudeau parle de ... nos frères les Talibans ! Le Wokanada est en marche... https://t.co/6O8fe0CEAY
— Mathieu Bock-Côté (@mbockcote) August 25, 2021
Le chef de l'opposition matin Erin O’Toole a dénoncé avec virulence ces propos en ces termes : «Le gouvernement Trudeau a utilisé un langage totalement inacceptable. Après six mois d’inaction par le gouvernement Trudeau, il y a des milliers d’Afghans en danger à cause de leur soutien à notre pays»
Maxime Bernier, le leader du Parti populaire du Canada (PPC), a pour sa part estimé que «personne ne devrait être surprise que Maryam Monsef considère les Talibans comme "nos frères"» et que de tels propos n'étaient «qu'une autre preuve que la gauche woke d'aujourd'hui a une approche autoritaire.»
Personne ne devrait être surpris que Maryam Monsef considère les Talibans comme ‘nos frères’. Son patron admire Castro et la dictature chinoise. Il joue au tyran.
— Maxime Bernier (@MaximeBernier) August 25, 2021
Ce n’est qu’une autre preuve que la gauche woke d’aujourd’hui a une approche autoritaire.pic.twitter.com/N2CysAgVMi
Louis Blouin, correspondant parlementaire pour Radio-Canada à Ottawa, a indiqué que Justin Trudeau n'avait «pas l'intention de demander à Maryam Monsef de retirer ses propos.»