Argentine : le Congrès adopte la loi sur l'avortement
- Avec AFP
Après les députés, les sénateurs argentins ont adopté la loi sur la légalisation de l'avortement. Le président Alberto Fernandez s'est réjoui de la nouvelle, malgré l'opposition de la communauté catholique.
L'Argentine est devenue le 30 décembre 2020 l'une des rares nations d'Amérique du sud à autoriser l’avortement, après l'adoption par le Congrès d'une loi, qui a profondément divisé l'opinion publique.
Déjà approuvé par les députés le 11 décembre, le texte autorisant l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse a été voté par les sénateurs avec 38 voix pour, 29 contre et une abstention, deux ans après l'échec d'une première tentative qui avait déjà secoué le pays. «C'est devenu une loi et cela passe désormais dans les mains de l'exécutif», s'est félicité la présidente du Sénat et ancien chef de l'Etat, Cristina Kirchner, à l'issue d'un débat homérique de plus de douze heures.
Des milliers de partisans du «oui» ont manifesté leur joie devant le Parlement, où seulement quelques sénateurs étaient présents, la plupart débattant par visioconférence en raison de la pandémie de Covid-19. Jusqu'ici, l'avortement n'était permis en Argentine qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, selon une loi datant de 1921.
Une «meilleure société », pour le président argentin
Alors que les députés avaient adopté le texte par 131 voix pour, 117 contre et 6 abstentions, le vote du Sénat, réputé plus conservateur, semblait loin d'être acquis. En 2018, il avait rejeté par sept voix un texte similaire dans un pays encore très catholique et profondément divisé sur la question. «Cette loi n'oblige pas à avorter, elle ne promeut pas l'avortement, elle lui donne seulement un cadre légal», a déclaré au cours des débats le sénateur membre de la majorité Sergio Leavy.
Au pouvoir depuis fin 2018, le président de centre gauche Alberto Fernandez, qui avait promis pendant sa campagne de soumettre à nouveau la légalisation de l'IVG aux parlementaires, a salué cette loi instaurant «un avortement sûr, légal et gratuit». «Nous sommes aujourd'hui une société meilleure qui étend les droits des femmes et garantit la santé publique», a réagi le chef de l'Etat sur Twitter.
El aborto seguro, legal y gratuito es ley.
— Alberto Fernández (@alferdez) December 30, 2020
A ello me comprometí que fuera en los días de campaña electoral.
Hoy somos una sociedad mejor que amplía derechos a las mujeres y garantiza la salud pública.
Recuperar el valor de la palabra empeñada. Compromiso de la política. pic.twitter.com/cZRy179Zrj
«Je suis catholique, mais je dois légiférer pour tous, c'est un sujet de santé publique très sérieux», avait-il fait valoir récemment.
Le pape argentin François, jusque-là silencieux sur la question, a publié le 29 décembre un message sur Twitter dans lequel il souligne : «Le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est un enfant de Dieu. Il est venu au monde comme un enfant vient au monde, faible et fragile, afin que nous puissions accepter nos faiblesses avec tendresse.»
Le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est enfant de Dieu. Il est venu au monde comme vient au monde un petit enfant, faible et fragile, pour que nous puissions accueillir avec tendresse nos fragilités.
— Pape François (@Pontifex_fr) December 29, 2020
Bien que ne faisant pas référence explicitement au débat, le message a été interprété par la presse argentine comme un rejet de la loi.
Avec ce texte, l'Argentine rejoint Cuba, l'Uruguay, le Guyana et la province de Mexico, les seuls à autoriser l'IVG sans conditions en Amérique latine.