Israël : en désaccord avec Netanyahou, Gantz annonce qu'il votera pour la dissolution du Parlement
- Avec AFP
L'ancien adversaire électoral de Benjamin Netanyahou, contraint de gouverner avec lui, a annoncé qu'il allait voter pour la dissolution du Parlement, ce qui pourrait mener à de nouvelles élections pour la quatrième fois en moins de deux ans.
Le partenaire du Premier ministre Benjamin Netanyahou au sein du gouvernement d'union israélien, Benny Gantz, a annoncé le 1er décembre son intention de voter dès le lendemain en faveur d'une motion de l'opposition demandant la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles élections.
Le parti centriste Bleu-Blanc «votera demain en faveur de la dissolution du Parlement», a déclaré Benny Gantz, chef de cette formation, lors d'une allocution télédiffusée à la veille d'un vote préliminaire sur une motion de l'opposition demandant la dissolution de la chambre.
Le temps n'est pas aux élections, mais à l'unité
Mais Benny Gantz, actuellement ministre de la Défense dans le gouvernement d'union, a dans le même temps appelé Benjamin Netanyahou à faire «voter le budget par le gouvernement afin que les citoyens d'Israël ne se retrouvent pas aux urnes en mars».
Il a ainsi exhorté le Premier ministre, qu'il a accusé notamment de faire primer son intérêt personnel sur celui d'Israël, à en arriver à un compromis afin d'adopter le budget pour l'année 2020, le pays n'ayant toujours pas de ligne directrice pour ses finances publiques cette année, et 2021.
«Le temps n'est pas aux élections, mais à l'unité», avait déclaré Benjamin Netanyahou, quelques minutes avant l'allocution de Benny Gantz, affirmant que la classe politique devait se souder face à la pandémie de Covid-19 qui a notamment fait exploser le chômage en Israël.
Accusant l'actuel gouvernement d'union d'être le «pire de l'histoire d'Israël» et de ne pas avoir su gérer la crise du coronavirus, le chef de l'opposition Yaïr Lapid a ainsi demandé la tenue d'un vote pour dissoudre la Knesset, le Parlement.
Vers une quatrième élection ?
Une dissolution du Parlement provoquerait la tenue de nouvelles élections nationales, les quatrièmes en moins de deux ans, en Israël, après trois scrutins ayant placé les troupes du Premier ministre Benjamin Netanyahou et de l'ex-chef de l'armée Benny Gantz au coude-à-coude.
Après trois scrutins n'ayant permis à aucun des deux de rallier une majorité de députés sur les 120 de la Knesset, ils s'étaient entendus au printemps pour former un gouvernement d'union et de crise en pleine période de coronavirus.
Mais ces derniers mois, la presse locale a fait état de nombreuses dissensions entre Benjamin Netanyahou et Benny Gantz, qui a donc fini par annoncer qu'il allait voter pour la dissolution de la Knesset.
Le vote du 2 décembre est un vote préliminaire. Et une dissolution de la chambre exige que le projet de l'opposition soit adopté en troisième lecture.
Selon des commentateurs politiques, en votant cette motion visant à dissoudre la Knesset, Benny Gantz ne chercherait pas nécessairement à provoquer des élections mais à faire pression sur Benjamin Netanyahou afin de rétablir la coalition.
Si la Knesset était dissoute, des élections seraient convoquées 90 jours plus tard avec un possible changement de configuration politique en Israël.
Les derniers sondages créditent le Likoud de Benjamin Netanyahou de la première place, devant la formation de droite radicale Yamina (opposition) de Naftali Bennett, le parti Yesh Atid Telem du centriste Yaïr Lapid et la formation Bleu-Blanc de Benny Gantz.
Lors des trois derniers scrutins, ces deux derniers partis avaient uni leurs forces dans une coalition, mais Benny Gantz avait fait éclater ce pacte pour rejoindre Benjamin Netanyahou et ainsi mettre fin à la plus longue crise politique de l'histoire d'Israël.
L'accord de gouvernement Netanyahou-Gantz prévoit un partage des ministères et une rotation pour le poste de Premier ministre qui doit échoir dans un an à l'ancien chef de l'armée.
Quatrième dans les sondages, et assuré dans un an de diriger le gouvernement, Benny Gantz n'aurait pas avantage à provoquer de nouvelles élections, selon la presse israélienne.
Hormis cette motion de l'opposition, si aucun consensus n'intervient sur l'adoption du budget d'ici le 23 décembre prochain, la Knesset se dissoudra et de nouvelles élections seront convoquées en mars 2021.