Macron promet un «mur de fer» contre l’immigration illégale à Mayotte

Lors de sa visite à Mayotte, quatre mois après le cyclone Chido, Emmanuel Macron a dévoilé l’opération «Mur de fer» pour juguler l’immigration clandestine, visant 35 000 expulsions annuelles. Un plan de reconstruction de 3,2 milliards d’euros accompagne cette annonce.
Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, Emmanuel Macron est revenu à Mayotte, le 21 avril, pour un déplacement de dix heures marqué par des annonces ambitieuses qui avaient en partie déjà fuité. Face à un archipel encore meurtri, où les « bangas », habitations précaires, jonchent les collines et où les coupures d’eau et d’électricité persistent, le chef de l’État a promis une « refondation » de ce département, le plus pauvre de France. Au cœur de son discours : la lutte contre l’immigration illégale, avec le lancement de l’opération « Uhura wa shaba » (« Mur de fer » en shimaoré), visant 35 000 expulsions par an, contre 22 000 en 2023.
Immigration à Mayotte: Emmanuel Macron annonce lancer une opération "mur de fer" pour "mieux prévenir les flux venant des Comores et de l'Afrique continentale" pic.twitter.com/RsZ84az08W
— BFMTV (@BFMTV) April 21, 2025
À bord d’un bateau intercepteur de la police aux frontières, le président Macron a constaté l’ampleur du défi. Depuis Anjouan, île comorienne située à 70 kilomètres, des kwassa-kwassa surchargés continuent d’affluer, malgré les 93 interceptions d’embarcations depuis janvier. « Des filières se structurent, nous les démantèlerons », a assuré le président, qui mise sur de nouveaux radars et le recrutement de forces de l’ordre. La restriction du droit du sol, récemment adoptée, et un tour de vis contre les fraudes à la paternité complètent ce dispositif.
Parallèlement, Emmanuel Macron a présenté une loi-programme dotée de 3,2 milliards d’euros sur six ans, mêlant fonds français, européens et internationaux. Ce plan, en partie détaillé dans un long message posté sur le réseau social X, vise à relancer l’économie, reconstruire durablement et réformer les institutions locales. « Ce n’est pas un texte de loi qui réglera tout », a-t-il concédé, lucide face aux attentes immenses des 320 000 habitants, dont 80 000 en situation irrégulière.
Ce chant, c’est le courage français et la force d’âme mahoraise. À Tsingoni comme ailleurs, j’ai retrouvé des regards, des sourires, des blessures aussi, que je n’ai pas oubliés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 21, 2025
Mahoraises, Mahorais,
Être à vos côtés aujourd’hui,… pic.twitter.com/P2oPqMQ1Iw
À Tsingoni, l’accueil fut chaleureux, rythmé par des chants traditionnels, mais les frustrations ont percé. Une enseignante, Riday Zabibou, a dénoncé les lenteurs des assurances pour sa maison endommagée. Une mère de famille, vivant sous une bâche, a interpellé le président, qui a promis des prêts à taux zéro, bien que les banques tardent à suivre. « Les Mahorais sont en colère », a résumé l’agriculteur Said Kambi, pointant l’état des routes et des écoles.