L'aviation israélienne bombarde Zghorta, les leaders chrétiens libanais divisés
Tsahal a ciblé pour la première fois la ville de Zghorta, dans le nord du Liban, faisant 22 morts et plusieurs blessés. Le responsable de cette localité chrétienne, Sleiman Frangié, s'en est pris à un autre parti libanais, les Forces libanaises, l'accusant de faire le jeu d'Israël au pays du Cèdre.
Le 14 octobre, pour la première fois depuis le début des affrontements entre l'armée israélienne et le Hezbollah le 8 octobre 2023, l'aviation de Tsahal a bombardé Zghorta, ville chrétienne au nord du Liban, faisant 22 morts selon le dernier bilan.
Des avions de chasse israéliens ont visé, aux alentours de la mi-journée, une maison située sur l’autoroute reliant Zghorta à Ehden, près d'Aïto.
Le bâtiment, appartenant à un membre de la famille Alwane, est un immeuble de deux étages qui a été complètement détruit. L'armée libanaise, depuis ses casernes à Ehden, a assisté les équipes de secours de la Croix-Rouge et de la Défense civile dans l’évacuation des blessés vers les hôpitaux de la région. La frappe a tué au moins 22 personnes: douze femmes, huit hommes et deux enfants.
Division interchrétienne au Liban
Réagissant à cette frappe, le chef du Mouvement Marada, Sleiman Frangié, candidat à la présidentielle libanaise et allié du tandem chiite Hezbollah-Amal a affirmé dans une interview télévisée accordée à la chaîne al-Jadeed que « Zghorta fait partie du pays qui est soumis à une guerre d'anéantissement menée par les Israéliens et le Premier ministre Benjamin Netanyahou ». Il a également précisé que « le propriétaire de la maison visée est affilié aux Forces libanaises, qui parient aujourd'hui sur la victoire d'Israël ». « Nous veillons sur la sécurité des déplacés qui se dirigent vers nos zones. Ce sont des Libanais. Celui qui tue notre peuple, c'est Netanyahou », a-t-il encore dénoncé.
Le chef des Marada a par ailleurs estimé que « ce qui s'est produit à Aïto a également eu lieu à Deir Billa (Batroun), à Maaysra (Kesrouan) et dans d'autres localités, dans le but de créer une atmosphère négative et des conflits internes, ce qui est très dangereux, en particulier pour les chrétiens », a estimé ce leader appartenant à la communauté maronite, faisant référence aux frappes israéliennes qui ont visé ces villages samedi. « Nous ne mettons pas d'armes dans les maisons ni parmi les gens. Nos armes sont destinées à la protection personnelle », a-t-il poursuivi, avant d'enchaîner : « Nous soutenons la résistance. Si nous devons nous battre avec elle, ce sera dans le Sud ».
Réagissant aux propos de Frangié, les Forces libanaises, autre mouvement chrétien, ont rejeté dans un communiqué ces accusations. « L'accusation de l'ex-député Frangié selon laquelle les FL parient sur la victoire d'Israël et l'élimination du Hezbollah est un mensonge, une calomnie et est totalement fausse », ont-ils affirmé. « Celui qui parie sur Israël n'aurait pas insisté il y a un an quotidiennement sur la nécessité d'appliquer la résolution 1701, ni tenu une conférence à cet égard appelant le gouvernement à envoyer immédiatement l'armée à la frontière pour arrêter cette guerre et empêcher son expansion », ont-elles poursuivi.