Le déplacement de Le Drian au Liban, symbole de l'impuissance française au Moyen-Orient ?
Jean-Yves Le Drian est en déplacement à Beyrouth pour rencontrer les officiels libanais, appelant à une désescalade entre le Hezbollah et Tsahal. Il a par ailleurs insisté sur l'importance de l'élection d'un président libanais.
Alors que la région est au bord du précipice, la France envoie en urgence son émissaire spécial pour le Liban Jean-Yves le Drian. L’ancien chef de la diplomatie française est arrivé dans la capitale libanaise dans la journée du 23 septembre.
L’envoyé spécial de l’Élysée se rend une nouvelle fois dans le pays du Cèdre pour rencontrer les dirigeants libanais. Selon l’agence officielle libanaise ANI, Jean-Yves Le Drian a rencontré avec l’ambassadeur français Hervé Magro le Premier ministre libanais Najib Mikati. Il a notamment souligné que le déplacement du dirigeant libanais à New York «dans cette circonstance délicate» était une question «très importante», espérant que les contacts diplomatiques conduiraient à une solution afin d'arrêter le cycle de violence.
Envoyé à six reprises depuis sa nomination en juin 2023 pour tenter de trouver un terrain d’entente entre les partis libanais pour l’élection d’un président de la République, l'émissaire français a souligné qu’il s'efforcerait de «rapprocher les points de vue des parties libanaises» pour parvenir à un accord débouchant sur l’élection d’un nouveau président.
Le Liban est en effet sans chef d'État depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre 2022. Des émissaires turcs et qataris sont également attendus dans la capitale libanaise pour tenter de parvenir à une désescalade dans la zone limitrophe, nous apprend une source de L'Orient-Le Jour.
Emmanuel Macron évite de citer les bombardements israéliens
Cette visite, en pleine escalade, n’est pas sans rappeler le déplacement d'Hervé de Charrette en 1996 lorsque le ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac avait su, en plein conflit déjà entre l'État hébreu et le Hezbollah, imposer la France dans l'instauration d'un mécanisme de sécurité régionale qui associait l'État hébreu, la Syrie et indirectement l'Iran.
Or aujourd’hui, la France peine à imposer une réelle vision et position sur le dossier moyen-oriental, et plus particulièrement sur le Liban. Lors d’une allocution filmée et diffusée le 19 septembre, le président Emmanuel Macron s’était déclaré «fidèlement et fraternellement» aux côtés des Libanais, dans la foulée de deux séries d'explosions meurtrières, imputées à Israël, de bipeurs et de talkies-walkies de membres du Hezbollah, faisant près d'une quarantaine de morts et plusieurs milliers de blessés.
Dans son message, le chef d’État français n’a jamais évoqué l’attaque israélienne. «Le Liban est frappé par le chagrin et la peur», s'est-il contenté de souligner,. Avant d'ajouter : «Le Liban ne peut pas vivre dans la crainte d’une guerre imminente.»
L'ancien chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné s'était également rendu à plusieurs reprises au Liban pour appeler à la désescalade à la frontière israélo-libanaise. Ces visites n'ont pas empêché le quotidien libanais L'Orient-Le Jour de publier un article le 13 août dernier intitulé «Mais où donc est passée la France ?», s'interrogeant sur le manque du vision et d'indépendance de Paris sur le dossier levantin.
Dans la soirée du 23 septembre, le nouveau chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a déclaré à l'assemblée générale des Nations unies : «Au Liban comme ailleurs, la France restera pleinement mobilisée pour résoudre les crises majeures qui fracturent l’ordre international [...] La France considère toutes les vies humaines égales en dignité. La France ne détourne son regard d’aucun conflit armé.»