A Varsovie, vives protestations après la suspension des services consulaires ukrainiens pour les hommes mobilisables
Des centaines d'Ukrainiens se sont pressés devant un bureau des passeports à Varsovie, fermé ce 24 avril, a constaté l’AFP. Ils ont protesté après la décision des autorités ukrainiennes de suspendre les services consulaires pour les hommes expatriés en âge de combattre.
Ils étaient plusieurs centaines à protester ce 24 avril devant un service consulaire ukrainien à Varsovie, après l’annonce la veille par Kiev de la suspension «temporaire», pour les hommes âgés de 18 à 60 ans, de toute nouvelle demande consulaire, « à l’exception des demandes d’enregistrement de cartes d’identité pour le retour en Ukraine ».
Diana Petrenko, directrice adjointe du bureau de Varsovie, a assuré auprès de l'AFP que les documents n'étaient pas délivrés pour des «raisons techniques»… mais a refusé de détailler la nature exacte du problème.
Un simple problème technique, justifie Kiev
Les hommes présents devant le consulat, dont certains ont émigré avant le début de la guerre, craignent de se retrouver dans une zone grise administrative, sans passeport valide à l'étranger. Cette suspension des services consulaires, alors que Kiev, en difficulté sur le front, peine à recruter, est déjà perçue comme un moyen de contraindre ses citoyens à revenir en Ukraine.
Selon le média ukrainien Dzerkalo Tyzhnia citant une lettre du vice-ministre des Affaires étrangères Andrii Sybiha, la suspension de la délivrance de papiers ne s'appliquerait qu'aux nouvelles demandes et celles soumises avant cette date seraient honorées.
Volodymyr Zelensky a promulgué le 16 avril dernier une nouvelle loi sur la mobilisation, durcissant les sanctions à l’encontre des réfractaires et obligeant les hommes à tenir leurs papiers à jour. Une autre loi abaissant de 27 à 25 ans l’âge des recrues a été adoptée au début du mois.
Selon l’administration, la suspension des services consulaires, serait nécessaire pour «résoudre des problèmes techniques» liés à la mise en œuvre de la nouvelle loi.
... mais Kouleba donne des leçons de morale aux fuyards
Reste que, justifiant cette mesure, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a, sur X le 23 avril, dénoncé le comportement des hommes «en âge de conscription» et «partis à l’étranger» qui avaient montré à leur État qu’ils «ne se souciaient pas de sa survie», tout en voulant bénéficier de ses services. «Cela ne fonctionne pas de cette façon», a-t-il fustigé avant d’ajouter : «notre pays est en guerre». «Le séjour à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers la patrie», a-t-il conclu.
Au 19 avril, le Commissariat de l’ONU aux réfugiés estimait que près de 6 millions de ressortissants ukrainiens, hommes, femmes et enfants se trouvaient sur le sol de l’UE, dont 1,6 million en Pologne. La BBC, en novembre 2023, chiffrait à 650 000 le nombre d’Ukrainiens en âge de servir qui auraient fui le pays.