Cancers liés à la dioxine : début du procès des exploitants d'un incinérateur en Ile-de-France

- Avec AFP

Cancers liés à la dioxine : début du procès des exploitants d'un incinérateur en Ile-de-France© Patrick Valasseris Source: AFP
Manifestation contre l'incinérateur de Fos-sur-Mer en 2010, à cause du problème du rejet de dioxine.
Suivez RT en français surTelegram

Un incinérateur de Seine-et-Marne qui rejetait un taux 2 200 fois trop élevé de dioxine en 2002 est suspecté d’avoir causé le décès de plusieurs habitants, morts de cancers. La communauté d’agglomération de Melun qui l'exploitait est mise en cause.

C'est un procès qui fera date. Débutant ce 27 novembre, il met en cause l'Etat dans la mort d'une dizaine de personnes dont les cancers sont imputés par les plaignants aux rejets de dioxine d'un incinérateur de Seine et Marne. Cette dizaine de victimes et une dizaine d'autres riverains ont été touchés par le même cancer : le lymphome non hodgkinien (LNH). Les avocats des 162 parties civiles, Pierre-Olivier Sur et Agathe Blanc, suspectent l’incinérateur d’ordures, fermé depuis 15 ans et exploité à l'époque par la communauté d’agglomération de Melun (Seine-et-Marne), d’en être responsable. En 2002, des analyses de ses rejets avaient mis en avant des taux de dioxines «plus de 2 000 fois» supérieurs à la norme, affirme Pascale Coffinet, maire de Maincy de 2001 à 2008 et présidente de l'Association de défense des victimes de l'incinération et de leur environnement (Avie).

«Ce sera un procès impressionnant. C’est la première fois en France qu’une pollution par les perturbateurs endocriniens sera jugée, avec une réelle chance de condamnation. Ce sera la première jurisprudence en la matière», a déclaré Pierre-Olivier Sur, selon actu.fr. La ville de Maincy, qui se porte également partie civile est défendue par maître Corinne Lepage.

La dioxine est assimilable à des perturbateurs endocriniens. Une dizaine de riverains  souffrent actuellement de ce cancer et tous ceux qui ne sont pas malades ont l'angoisse «terrible» de le devenir, selon les avocats cités par l'AFP.

La colère des riverains

«On savait que l’usine était obsolète, vu les fumées parfois très noires qui en ressortaient. Je me souviens très bien de la suie sur les tables de jardin», a affirmé Pierre Carassus (Gauche républicaine), maire de 1989 à 2012, au quotidien Le Parisien. Lorsque les particules de dioxine contenues dans les fumées retombent, elles se déposent sur les toits et sur les sols, où elles peuvent persister plusieurs années. Elles se fixent en outre dans les matières grasses : le lait des vaches, les œufs des poules élevées en plein air...«Notre conseil municipal a voté pour demander la fermeture du site, mais la préfecture ne nous a pas entendus», a-t-il dénoncé.

Les taux étaient si élevés que le laboratoire a téléphoné pour m'avertir du danger

En octobre 1998, une étude des rejets atmosphériques de l’incinérateur mis en activité en 1976, révèle une présence de dioxines 1 700 fois supérieure aux normes autorisées.

En 1999, le préfet demande d'appliquer un arrêté ministériel selon lequel les gros incinérateurs devaient se mettre aux normes européennes. En 2001, il met en demeure le syndicat intercommunal de s'y conformer. Mais la mise aux normes tarde.

En mars 2002, la analyses ont prouvé que les taux de dioxine étaient 2 200 fois supérieurs aux normes. Pascale Coffinet, alors maire de Maincy, fait analyser son sang et les œufs de ses poules : «Les taux étaient si élevés que le laboratoire a téléphoné pour m'avertir du danger», se souvient-elle. En juin 2002, l’usine de déchets ferme par arrêté préfectoral. En décembre, un autre arrêté préfectoral exige des analyses de la terre et de la flore.

En 2003, l'administration déconseille, par précaution, la culture des cucurbitacées aux alentours et la consommation d’œufs et volailles de plein air. Un troupeau de vaches est abattu. Pascale Coffinet porte plainte en 2003, comme de nombreux riverains et commence à mener le combat.

Puis les premiers cancers se déclarent. La fille de Francis Galloy, premier adjoint au maire à Maincy, l’un des plaignants, est emportée en deux mois en 2014 par un cancer rare, un sarcome des tissus mous. Selon lui, l’oncologue a écarté les causes génétiques, en l’absence de cas semblables dans la famille. Les lymphomes sont des tumeurs malignes du système lymphatique. Leur incidence en France est de 13 cas pour 100 000 (7e rang des cancers). Il en existe deux formes principales : le lymphome de Hodgkin, et les lymphomes non hodgkiniens, les plus fréquents. Le site cancer environnement, portail officiel d'information sur les facteurs de cancers liés à l'environnement, cite des rapports établissant un lien entre la dioxine et la survenue de cancers. L'étude dite «de Viel» confirme les résultats d’une première étude réalisée en 2000 autour de l’incinérateur de Besançon. Ils observent une incidence élevée de LNH chez les riverains fortement exposés aux rejets des fumées émises par les incinérateurs pour la période (1990-1999).

L’ancien syndicat chargé de traiter les ordures de l’agglomération melunaise, le Siguam, gérait ce site, mais il a été en 2002 absorbé par la Communauté d’agglomération Melun Val-de-Seine (CAMVS). Elle est aujourd’hui poursuivie pour infraction à la législation sur les installations classées et mise en danger d’autrui. Elle est jugée pour «mise en danger de la personne» entre 1999 et 2002, car, après l'injonction de mise aux normes par le préfet, elle n'a pas ordonnée au Siguam de mener les travaux requis. Elle est aussi jugée pour «poursuite d'une installation classée non conforme» entre mars et juin 2002, date de fermeture de l'incinérateur. Le procès doit se dérouler jusqu'au 12 décembre.

Lire aussi : Pesticides : la famille d'un viticulteur mort intoxiqué dépose une nouvelle plainte

 

 

 

 

 

 

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix