Naturalisation : Bruno Retailleau veut serrer la vis

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, annonce une circulaire pour durcir les conditions d’accès à la nationalité française. L’objectif est de renforcer les exigences d’assimilation, dans un contexte où la naturalisation est vue comme un privilège exigeant.
Le 10 avril, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dévoilé un nouveau chantier lors d’une conférence de presse à Beauvau : durcir les conditions de naturalisation. Une circulaire sera prochainement adressée aux préfets pour encadrer plus strictement l’accès à la nationalité française, un processus que le ministre distingue du simple droit de séjour. « La naturalisation, c’est autre chose », a-t-il insisté, soulignant qu’elle implique une intégration pleine et entière dans la « communauté nationale ».
Bruno Retailleau a annoncé l’envoi d’une circulaire pour durcir les conditions de la naturalisation. Le ministre de l’Intérieur estime qu’«un certain nombre de conditions» sont nécessaires pour «intégrer pleinement un étranger dans notre communauté nationale». pic.twitter.com/Gz2i25hwtt
— Le Figaro (@Le_Figaro) April 10, 2025
Pour Bruno Retailleau, la nationalité française ne se donne pas à la légère. Il s'est appuyé sur l’article 24 du Code civil, qui évoque l’« assimilation » comme critère clé. Cette notion, souvent débattue, pourrait se traduire par des exigences renforcées en matière de maîtrise du français, de connaissance des valeurs républicaines ou encore d’adhésion à la culture nationale. « Lorsqu’on veut intégrer pleinement un étranger, il faut remplir des conditions strictes », a déclaré le ministre, pour qui ces critères doivent être « rehaussés » face à une société qu’il juge fragilisée par des défis migratoires.
Cette circulaire s’inscrit dans la continuité de la loi immigration, qui a déjà relevé le niveau de français requis pour le droit de séjour et instauré un examen civique. Mais la naturalisation, acte symbolique par lequel un étranger devient citoyen, appelle selon Retailleau une rigueur accrue. Si les détails de la circulaire restent flous, elle pourrait inclure des critères plus sévères, comme une durée de résidence prolongée, des preuves d’intégration professionnelle ou une évaluation plus stricte du comportement civique.
Ce tour de vis intervient dans un climat politique tendu, alors que Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, cherche à marquer des points sur les questions identitaires. Ses détracteurs y voient une manœuvre électoraliste, dans un contexte où l’immigration alimente les débats alors que le ministre de l’Intérieur présentait le bilan de ses 6 premiers mois à Beauvau et qu’il vient de subir un désaveu de la part du président et du ministre des Affaires étrangères dans le dossier algérien. Pourtant, le ministre défend une vision exigeante de la citoyenneté : « Le droit de séjour est une faveur, la naturalisation est une promesse ».