Diop : le Mali va continuer «de lutter contre le terrorisme et ses sponsors étrangers, y compris l'Ukraine»
Les responsables ukrainiens «déclarent ouvertement leur soutien aux groupes terroristes» dans le nord du Mali, a fustigé ce 9 novembre le chef de la diplomatie malienne. En août, Bamako, mais également Niamey et Ouagadougou, avaient accusé Kiev de «terrorisme international, en particulier au Sahel».
«Nous allons continuer à travailler pour assurer la sécurité dans nos pays, pour lutter contre le terrorisme et ses sponsors étrangers, y compris l'Ukraine», a déclaré ce 9 novembre le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, en marge de la première conférence ministérielle du Forum Russie-Afrique qui se tient jusqu'au 10 novembre à Sotchi.
Cité par nos confrères d’African Initiative(AI), le chef de la diplomatie malienne a affirmé que les «responsables ukrainiens, y compris leurs représentants diplomatiques», déclaraient «ouvertement» leur soutien aux groupes terroristes dans le nord du Mali, et menaçaient d’«actions à venir».
«Les pays africains et la communauté internationale doivent s’opposer à cela», a-t-il enjoint. Le ministre malien a ajouté, selon les propos rapportés par AI, que ces groupes terroristes aspiraient à renverser non seulement les autorités du Mali mais également celles du Niger et du Burkina Faso.
«L'Ukraine n'est pas seule ici»
«Nous avons été surpris qu'un membre de l'ONU puisse déclarer ouvertement coopérer avec des groupes terroristes pour déstabiliser le pays», a-t-il fait part à l'agence TASS.
«Pourquoi le Mali, qui n’a jamais fait preuve d’hostilité envers l’Ukraine, a-t-il été visé ? Pourquoi l’Ukraine soutient-elle certains groupes pour déstabiliser notre pays et le déclare-t-elle officiellement ?», a-t-il par ailleurs interpellé.
«L'Ukraine n'est pas seule ici. Peut-être qu'ils ne sont qu'une couverture pour d'autres forces qui se cachent derrière elle», a-t-il ajouté, refusant de citer des noms.
Le gouvernement malien avait annoncé le 4 août rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, après qu'un porte-parole de son renseignement militaire ait déclaré que ses agents avaient soutenu des insurgés touaregs lors d’une embuscade meurtrière, fin juillet, dans le nord du pays, jurant que «d’autres» étaient «à venir».
Bamako avait fustigé une «agression flagrante», estimant que les actions de Kiev «violaient la souveraineté du Mali» et «dépassaient le cadre de l’ingérence étrangère».
«Terrorisme international» au Sahel
Dans la foulée de ces déclarations, le Niger avait annoncé à son tour la rupture «avec effet immédiat» de ses relations avec l’Ukraine, accusant ce pays de soutenir le terrorisme dans la région.
Le 19 août, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU a condamner «fermement» le soutien «ouvert» et «assumé» de Kiev au «terrorisme international» au Sahel.
Le Mali, dirigé par le colonel Assimi Goïta depuis le coup d'État de mai 2021, est confronté à une montée des groupes terroristes et des mouvements rebelles au même titre que ses deux voisins, le Niger et le Burkina Faso.
Afin de faire face à l'insécurité et aux défis posés par le terrorisme, Bamako s'est allié à Ouagadougou et Niamey en actant le 6 juillet la création de la confédération «Alliance des États du Sahel» (AES), dans la continuité d'un pacte de défense mutuelle signé en septembre 2023.
Les trois États sahéliens avaient annoncé, le 28 janvier dernier, leur retrait de la Cédéao, une organisation qu’ils jugent instrumentalisée par la France, justifiant cette décision par l’ingérence de puissances étrangères et la non-assistance de la Cédéao dans la lutte contre le terrorisme.