Ericsson dans la tourmente après avoir admis de possibles versements d'argent à Daesh (VIDEO)
Au terme d'une enquête interne, l'entreprise de télécommunications suédoise a reconnu des dépenses suspectes en Irak, qui pourraient avoir bénéficié au groupe terroriste Etat islamique. L'aveu a fait chuter le cours d'Ericsson en Bourse.
Des aveux embarrassants. Au terme d'une enquête interne lancée en 2019, et sous la pression des médias suédois, le géant des télécommunications Ericsson a reconnu dans un communiqué publié le 15 février des «preuves de mauvaise conduite liée à la corruption [...], des violations des contrôles financiers internes [...], des conflits d'intérêts, le non-respect des lois fiscales et une obstruction à l'enquête» à propos de sa présence en Irak de 2011 à 2019. Et surtout, «des paiements effectués à des intermédiaires et l'utilisation d'axes de transport alternatifs pour contourner les douanes irakiennes, à une époque où des organisations terroristes, y compris l'Etat islamique en Irak et au Levant, contrôlaient certains axes de transport».
Si les enquêteurs n'ont pas pu déterminer les destinataires finaux de ces paiements, et si aucun employé d'Ericsson n'a été identifié comme ayant directement participé au financement d'organisations terroristes, les révélations ont eu un effet dévastateur sur l'image d'Ericsson, qui a vu son cours reculer d'environ 15% en Bourse depuis ces annonces. L'affaire n'est pas sans rappeler le cas du cimentier français Lafarge, soupçonné d'avoir versé, entre 2011 et 2015, plus de 12 millions d'euros à des groupes armés en Syrie, dont Daesh, pour poursuivre ses activités.
Comme le relève BFM Business, l'affaire dépasse la seule atteinte à l'image de l'entreprise, puisqu'Ericsson avait été choisie par les Etats-Unis comme «champion» pour faire barrage à l'implantation du chinois Huawei en Europe. A la suite du Royaume-Uni, la Suède est devenue le second pays européen – et le premier de l'UE – à interdire spécifiquement aux opérateurs téléphoniques d'utiliser du matériel Huawei dans la mise en place du réseau 5G du pays, ordonnant également à Huawei de retirer l'équipement déjà installé d'ici au 1er janvier 2025.
Le 30 janvier, l'entreprise chinoise a déclaré avoir déclenché une procédure d'arbitrage contre la Suède, après l'interdiction faite au géant chinois des télécoms de vendre ses produits 5G dans le pays nordique. «La décision des autorités suédoises de discriminer Huawei et de l'exclure du lancement de la 5G a gravement nui aux investissements de Huawei en Suède, en violation des engagements internationaux de la Suède», a indiqué la société chinoise dans un communiqué.
En 2019, Ericsson avait déjà dû régler plus de 1 milliard de dollars d'amende aux Etats-Unis pour solder des enquêtes pour corruption, se voyant reprocher le versement de pots-de-vin pour décrocher des contrats dans six pays : la Chine, le Vietnam, Djibouti, l'Indonésie, l'Arabie saoudite et le Koweït.