«Une provocation évidente» : Vladimir Poutine revient sur l'incident en mer Noire
Le chef d'Etat a estimé que l'incursion d'un destroyer britannique dans les eaux territoriales russes – appuyée par un avion de reconnaissance américain, selon ses informations – servait deux objectifs : l'un militaire, l'autre politique.
A l'occasion de sa Ligne directe annuelle et télévisuelle ce 30 juin, lors de laquelle il répond en direct à ces concitoyens, le président russe Vladimir Poutine est revenu sur l'incident en mer Noire du 23 juin dernier, lorsqu'un destroyer britannique a pénétré dans les eaux territoriales russes.
Pour le chef d'Etat, il s'agit d'une «provocation évidente», à laquelle ont pris part non seulement les Britanniques mais aussi les Etats-Unis, puisque selon lui, «un avion stratégique de reconnaissance américain» a été repéré par Moscou dans la zone le jour de l'incident.
«Que voulaient montrer ces provocateurs, quels étaient leurs objectifs ?», s'est interrogé Vladimir Poutine pour la forme, notant qu'il était «évident» que le navire de guerre britannique était entré dans les eaux territoriales russes «en poursuivant avant tout des objectifs militaires».
Ainsi selon le chef d'Etat, l'objectif de Londres et Washington était de comprendre quelle était la stratégie de l'armée russe pour empêcher de telles provocations. Ce à quoi Moscou était préparé. «Ils ont regardé ce que nous mettons en marche, comment cela fonctionne, où cela se trouve. Nous l'avions vu et nous le savions. Par conséquent, nous leur avons donné les informations que nous jugions nécessaire de leur donner», a-t-il déclaré, avant de plaisanter : «Peut-être que j'en ai trop dit, les militaires m'excuseront.»
Pourquoi faire tout cela ? Pour souligner que ces personnes ne respectent pas le choix des Criméens de rejoindre la fédération de Russie ?
Outre l'aspect militaire, cette provocation avait également une dimension politique, selon Vladimir Poutine : «La réunion de Genève [entre Joe Biden et Vladimir Poutine] venait d'avoir lieu, quelques jours auparavant. La question est, à quoi bon commettre une telle provocation? Pourquoi faire tout cela ? Pour souligner que ces personnes ne respectent pas le choix des Criméens de rejoindre la fédération de Russie ? Très bien, ne la reconnaissez pas, mais pourquoi provoquer ?»
Le 23 juin dernier, la Russie a tiré plusieurs coups de semonce en direction du destroyer britannique HMS Defender pour le forcer à quitter ses eaux territoriales, au large de la Crimée, péninsule rattaché à la Russie par référendum en 2014.
Londres, qui ne reconnaît pas le résultat de ce référendum et considère la Crimée comme étant ukrainienne, a pour sa part affirmé que son navire avait effectué un «passage inoffensif dans les eaux territoriales ukrainiennes» et avait donc agi de manière «tout à fait correcte».
La diplomatie britannique a par ailleurs nié que son bâtiment avait fait l'objet de tirs russes. Une version mise à mal le 24 juin, Moscou ayant publié une vidéo de l'incident dans laquelle on voit les gardes-frontières russes demander au destroyer britannique de changer de cap, avant de procéder à des tirs de sommation.