Incident en Mer Noire : des documents secrets retrouvés près d'un arrêt de bus embarrassent Londres
Des documents classifiés de la défense britannique ont été retrouvés à un arrêt de bus en Angleterre. Ils évoquent la mission d'intrusion du destroyer britannique HMS Defender dans les eaux russes de Crimée, qui a donné lieu à des tirs de semonce.
Dans un article publié le 27 juin, la BBC rapporte que des documents classifiés d'une cinquantaine de pages appartenant au ministère britannique de la Défense ont été retrouvés dans un tas détrempé derrière un arrêt de bus dans le comté du Kent, en Angleterre. Ils traitent notamment des différentes réactions que pourrait avoir la Russie en cas d'intrusion du destroyer britannique HMS Defender dans les eaux territoriales russes en mer Noire.
Ces documents de travail, qui proviendraient du bureau d'un haut fonctionnaire du ministère de la Défense, ont été retrouvés par un passant (qui a souhaité rester anonyme) qui a contacté la BBC pour lui faire part de sa découverte. D'après le média anglais, il s’agirait principalement de courriels et de présentations PowerPoint évoquant différentes opérations.
La violation des eaux territoriales russes planifiée par les plus hautes autorités britanniques ?
Cette fuite de documents éclaire d'un jour nouveau l'intrusion anglaise dans les eaux territoriales russes, qui a donné lieu à des tirs de semonce pour obliger le destroyer britannique HMS Defender à quitter la zone.
D’après la BBC, cette mission est décrite dans les documents comme un «passage innocent dans les eaux territoriales ukrainiennes» avec des canons couverts et l'hélicoptère du navire rangé dans son hangar afin de tester les réactions que pourrait avoir Moscou.
Le 23 juin, après que le navire de la Royal Navy eut franchi les eaux territoriales russes au large de Sébastopol en mer Noire, le ministère de la Défense russe a annoncé qu'il avait été contraint d'effectuer des tirs de semonce pour obliger le destroyer britannique à regagner les eaux internationales. Moscou a également fait savoir que l'attaché militaire auprès de l’ambassade du Royaume-Uni dans la capitale russe avait été convoqué au ministère de la Défense et que l'ambassadeur britannique en Russie allait lui aussi être convoqué.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait dénoncé le 24 juin une «provocation délibérément préparée». «Aucune option ne peut être exclue pour assurer la protection légitime des frontières de la Fédération de Russie», avait-il mis en garde.
Deux itinéraires auraient été planifiés par la défense britannique
Toujours d’après la BBC, cette mission britannique baptisée «Op Ditroite» a fait l'objet de discussions de haut niveau jusqu'au 21 juin, les responsables anglais spéculant sur les différentes réactions que pourrait avoir la Russie si le HMS Defender naviguait près de la Crimée.
Le média anglais fait mention de deux itinéraires envisagés par la défense britannique, l'un décrit comme «un transit direct, sûr et professionnel d'Odessa à Batoumi», comprenant un court tronçon à travers un «dispositif de séparation du trafic» près de la pointe sud-ouest de la Crimée. La diapositive concluait que cette route «donnerait l'occasion de dialoguer avec le gouvernement ukrainien... dans ce que le Royaume-Uni reconnaît comme les eaux territoriales ukrainiennes».
Le ministère prend la sécurité des informations extrêmement au sérieux et une enquête a été lancée
Une autre route, qui aurait vu le HMS Defender évoluer à bonne distance des eaux contestées, était envisagée. Cette solution aurait permis d'éviter la confrontation, selon la présentation, mais risquait d'être présentée par la Russie comme la preuve que «le Royaume-Uni a eu peur ou a fui». Autre inconvénient, cette option aurait permis à Moscou de prétendre que le Royaume-Uni avait accepté, quoique tardivement, la revendication de Moscou sur les eaux territoriales de Crimée.
Une enquête lancée par le gouvernement
Embarrassé par cette fuite de documents, le ministère de la Défense britannique a néanmoins annoncé ce 27 juin qu'il allait ouvrir une enquête sur cet incident, «au cours duquel des documents sensibles de la défense ont été récupérés par un membre du public». Un porte-parole du ministère a précisé que la perte de ces documents avait été signalée par un employé. «Le ministère prend la sécurité des informations extrêmement au sérieux et une enquête a été lancée», a-t-il ajouté.
Toujours d'après la BBC, d'autres documents retrouvés près de cet arrêt de bus évoquaient également des plans pour une éventuelle présence militaire britannique en Afghanistan après la fin de l'opération de l'OTAN menée par les Etats-Unis.