Israël : Naftali Bennett devient Premier ministre, Benjamin Netanyahou écarté du pouvoir
- Avec AFP
Naftali Bennett a été officiellement désigné chef du gouvernement israélien, mettant fin à la longue ère Netanyahou. Le nouveau Premier ministre est partisan d'une ligne dure, envers l'Iran comme dans le conflit israélo-palestinien.
Le Parlement israélien a voté ce 13 juin en fin de journée la confiance au gouvernement du nouveau Premier ministre Naftali Bennett, qui succède à Benjamin Netanyahou, au pouvoir depuis 12 ans.
Sur les 119 députés présents (sur 120 au Parlement) 60 ont voté en faveur de la nouvelle coalition, qui va de la droite à la gauche, en passant par l'appui d'un parti arabe.
— Naftali Bennett בנט (@naftalibennett) June 13, 2021
Cinquante-neuf députés, principalement du parti Likoud de Benjamin Netanyahou, de l'extrême droite et des partis ultra-orthodoxes, s'y sont opposés. Un député de la liste arabe Raam, qui soutient pourtant la coalition, s'est lui abstenu.
Dans la foulée, chaque membre du 36e gouvernement israélien a prêté serment à la tribune de la Knesset, à commencer par Naftali Bennett.
Un Premier ministre qui affirme vouloir représenter «l'ensemble du pays»
Le Likoud de Benjamin Netanyahou avait terminé en première place au scrutin de mars dernier, sans toutefois rallier une majorité de 61 députés pour former un gouvernement. Devant l'impasse, le président Reuven Rivlin avait demandé au chef alors de l'opposition Yaïr Lapid, de tenter sa chance.
Et ce dernier a réussi in extremis début juin à réunir une majorité en formant une coalition réunissant deux partis de gauche, deux de centre, trois de droite et – fait rarissime dans l'histoire israélienne – un parti arabe, la formation Raam de l'islamiste modéré Mansour Abbas.
Visage masqué, le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou qui devient chef de l'opposition s'est levé de son siège pour aller serrer la main de son successeur avant de se rassoir puis quitter le Parlement. Le dirigeant de 71 ans est devenu en quelques heures chef de l'opposition, sans prise directe sur la destinée du pays qu'il a gouverné pendant plus d'une décennie, laissant un pays plus que jamais polarisé. Comme le rappelle l'AFP, ses opposants voient en lui un «Crime minister» et non un «Prime minister», allusion à ses démêlés avec la justice qui le poursuit pour corruption, malversation et abus de confiance dans une série d'affaires.
Le chef de la nouvelle coalition gouvernementale en Israël, Naftali Bennett, avait assuré quelques temps avant ce vote que son équipe représenterait «l'ensemble du pays», dans son discours au Parlement, entrecoupé par des huées et des invectives de ses opposants.
«Je comprends que ce ne soit pas un jour facile pour beaucoup aujourd'hui, mais ce n'est pas un jour de deuil, c'est un jour de changement, de changement de régime dans une démocratie», avait déclaré dans son discours de présentation au Parlement le chef de la droite radicale avant le vote de confiance des députés à son gouvernement.
Décrit comme nationaliste religieux et partisan d'une ligne dure dans le conflit israélo-palestinien
«Je promets que ce gouvernement travaillera pour l'ensemble du pays, personne ne doit en avoir peur», avait-t-il assuré dans ce discours chahuté par ses adversaires politiques.
Naftali Bennett avait également averti que son gouvernement ne laisserait pas «l'Iran se doter de l'arme nucléaire». «Ce gouvernement commence son travail sous la plus grave des menaces sécuritaires», avait-t-il ajouté à propos de l'Iran, ennemi juré d'Israël, assurant que son pays se «réserverait une liberté totale d'action» contre Téhéran.
Au sujet du conflit israélo-palestinien, Naftali Bennett, partisan d'une ligne dure ayant prôné dans le passé l'annexion d'une partie de la Cisjordanie occupée, a assuré qu'il ne «s'agit pas d'un conflit territorial», estimant qu'il fallait «rappeler au monde que les ennemis [d'Israël] ne reconnaissent toujours pas l'existence d'un Etat juif».
Comme le rappelle RFI, «Naftali Bennett a bâti son parcours politique dans la mouvance nationaliste religieuse, également appelée sioniste religieuse.» Un courant politique «qui prône la colonisation des Territoires palestiniens occupés et s’oppose à toute forme d’Etat palestinien sur des terres revendiquées au nom de la Bible.» Pour le site d'information sur le monde arabe Orient XXI, il «incarne la mouvance coloniale la plus active d’un sionisme religieux aux forts accents mystiques.»