Algérie : 31 manifestants du Hirak condamnés à de la prison ferme
- Avec AFP
Les autorités ont condamné 31 manifestants du Hirak à des peines de prison ferme, prononçant des peines de un an à 18 mois. A un mois des législatives, le ministre algérien de l'Intérieur avait demandé à ce que les rassemblements soient déclarés.
Le 14 mai, les autorités algériennes ont empêché la tenue de la 117e manifestation des vendredis du Hirak en procédant à de nombreuses arrestations de militants, opposants et journalistes dans le pays. 31 des manifestants arrêtés ont été condamnés à des peines de prison ferme, rapporte l'AFP.
Sur ces 31 personnes, 23 ont été jugées à Sétif (nord-est) et huit à Bab El Oued à Alger, où elles ont été condamnées à «des peines allant de un an à 18 mois de prison ferme», a détaillé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Les manifestants de Sétif sont accusés d'«incitation à attroupement non armé» et de «non-respect des mesures administratives liées au confinement sanitaire».
Arrêtée le 14 mai à Alger alors qu'elle était en compagnie d'une douzaine de reporters et photographes de presse, la journaliste politique de la station Radio M, Kenza Khatto, a vu sa garde à vue à nouveau prolongée de 24 heures. Elle sera présentée le 18 mai devant le procureur du tribunal de Sidi M'hamed à Alger, a précisé le média sur son site internet. Cette garde à vue a été jugée «abusive» par son avocate alors que tous ses confrères venus couvrir la manifestation étaient libérés quelques heures après leur interpellation.
Les organisateurs sommés de «déclarer» les manifestations
D'après la LADDH, un millier d'interpellations ont eu lieu à travers le pays dont celles de chefs de partis d'opposition, et au moins 127 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles, selon le Comité national pour la libération des détenus.
De son côté, Amnesty International a appelé le 17 mai les autorités à «abandonner les fausses accusations» portées contre les défenseurs des droits humains Kaddour Chouicha, Jamila Loukil et Saïd Boudour à la veille d'une audience judiciaire à Oran (nord-ouest). «Nous exhortons les autorités algériennes [...] à garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique à la veille des élections législatives», a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Le ministère algérien de l'Intérieur avait décidé le 10 mai d'obliger les organisateurs des marches du Hirak à «déclarer» au préalable les manifestations auprès des autorités. Ce regain de tension entre les autorités et les manifestants se déroule alors que des élections législatives anticipées doivent se dérouler le 12 juin dans le pays.
Le Hirak est un mouvement contestataire né en février 2019 du rejet d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné peu après, ce qui n'a pas empêché les manifestants de se rassembler de façon hebdomadaire dans le pays. Pour la plupart, les citoyens impliqués dans le Hirak demandent un changement radical du «système» politique en place depuis l'indépendance en 1962.