Venezuela : 20 ans de prison pour deux vétérans étasuniens ayant participé à une incursion armée
Les 2 ex-soldats étasuniens arrêtés en mai lors d'une incursion maritime en territoire vénézuélien qui visait à renverser Nicolas Maduro ont été condamnés à 20 ans de prison. Le procureur général a annoncé qu'ils avaient «avoué» les faits reprochés.
Les deux vétérans américains arrêtés au mois de mai au Venezuela pour avoir tenté une «invasion» armée du pays sud-américain par la mer, dans le but de renverser le président Nicolas Maduro, ont été condamnés à 20 ans de prison par un tribunal vénézuélien, a annoncé le procureur général.
Luke Alexander Denman et Airan Berry «ont avoué» s'être rendus coupables de «conspiration, d'association [de malfaiteurs], de trafic d'armes et de terrorisme» et ils ont été condamnés à «une peine de 20 ans» de prison, a fait savoir Tarek William Saab sur Twitter dans la nuit du 7 au 8 août.
1) #AHORA lista la 1era audiencia preliminar CASO GEDEÓN ( mercenarios d Silvercorp ) los ciudadanos Luke Denman y Airan Berry fueron acusados por Fiscales d la causa por graves #delitos .. #HOY LUEGO D ANTERIOR AUDIENCIA D DELACIÓN: ADMITIERON SU RESPONSABILIDAD EN LOS HECHOS pic.twitter.com/ntbpqY7Nz9
— Tarek William Saab (@TarekWiliamSaab) August 8, 2020
Début mai, Nicolas Maduro avait accusé Donald Trump d'avoir «dirigé directement» cette «incursion armée» tuée dans l’œuf le 3 mai et à laquelle avaient participé les deux citoyens américains, tous deux anciens soldats des forces spéciales américaines. Le gouvernement vénézuélien avait expliqué que l'armée et la police étaient parvenues à stopper la «tentative d'invasion par la mer» fomentée par des «mercenaires venant de Colombie» sur le rivage de Macuto, à moins d'une heure de route de Caracas, sur la côte caraïbe.
Mercenaires et récompenses
Denman et Berry avaient été arrêtés le lendemain dans le village côtier de Chuao, à 80 km à l'ouest de Caracas. Nicolas Maduro avait assuré qu'ils seraient jugés au Venezuela.
Agés respectivement de 34 et 41 ans, les deux «mercenaires» étasuniens «ont été inculpés et ont avoué» avoir organisé cette tentative d'«invasion déjouée», avait déclaré Nicolas Maduro lors d'une conférence de presse le 6 mai. Les deux ressortissants des Etats-Unis «font l'objet de poursuites lancées par le parquet général de la République», avait-il poursuivi, tout en assurant qu'ils étaient «bien traités». «Leur procès se déroulera avec les pleines garanties et de façon juste», avait encore affirmé Nicolas Maduro.
Outre ces deux arrestations, huit «terroristes» avaient été tués dans l'opération et plusieurs dizaines d'autres personnes arrêtées. «C'est un "remake" de la Baie des Cochons», l'opération ratée montée par des exilés cubains et la CIA en 1961 pour renverser Fidel Castro, avait alors tonné le chef d'Etat vénézuélien. Washington et Bogota ont nié toute participation dans cette entreprise et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a affirmé que les Etats-Unis feraient tout pour rapatrier Luke Denman et Airan Berry.
Le 7 mai, Juan José Rendon, chef du comité stratégique de l'opposant Juan Guaido basé à Miami, déclarait ouvertement avoir, avec d'autres très proches collaborateurs de Juan Guaido, négocié en octobre 2019 un accord avec une petite société de sécurité de Floride, Silvercorp USA, pour qu'elle mène dans le pays une opération visant à chasser du pouvoir le président Nicolas Maduro. Il avait toutefois assuré n'avoir pas donné suite à l'opération inscrite dans un contrat révélé le même jour par le Washington Post, portant sur un accord d'une valeur de près de 213 millions de dollars entre l'entreprise américaine et les signataires pour ce projet de renversement politique. Juan José Rendon avait également affirmé avoir rompu ses liens avec le directeur de Silvercorp, Jordan Goudreau, dès novembre 2019, ce que ce dernier récusait fermement. Si Rendon dit vrai, les motivations de Jordan Goudreau à envoyer une poignée d'hommes tenter malgré tout l'opération pourraient trouver un éclairage dans le fait que le 26 mars, les Etats-Unis avaient offert une récompense pouvant atteindre 15 millions de dollars pour toute information permettant d'arrêter le président vénézuélien Nicolas Maduro.
Meriem Laribi