Evelyne Gebhardt, eurodéputée du SPD : l'élection bavaroise «aura un impact sur Merkel» (ENTRETIEN)
Angela Merkel est confrontée ce 14 octobre à un scrutin régional clé en Bavière, qui risque de tourner au désastre pour son allié conservateur : la CSU. L'eurodéputée sociale-démocrate Evelyne Gebhardt livre à RT France son éclairage.
RT France : A quoi faut-il s'attendre à la sortie de ce scrutin ?
Evelyne Gebhardt (E. G.) : Disons que vraisemblablement, la CSU [conservateurs bavarois], pour la première fois, va perdre la majorité absolue qu’elle avait depuis des dizaines d’années. Il s'agit d'une première. C’est une chose avec laquelle la CSU va avoir beaucoup de problèmes, parce qu’elle n’y est pas du tout habituée.
Nous allons également constater une perte de voix parmi les sociaux-démocrates [SPD] et ce sont les Verts qui seront sûrement les grands gagnants.
RT France : L'Allemagne avec ses Länder, on le sait, est un pays très décentralisé contrairement à la France. Mais justement, dans quelle mesure ces élections régionales peuvent-elles avoir un impact sur la politique nationale ? Est-ce un référendum pour ou contre Angela Merkel ?
E. G. : Elles peuvent avoir un très grand impact sur la politique nationale, car nous avons une grande coalition, à Berlin, avec la CSU entre autres [la coalition CDU-CSU et le SPD gouvernent l'Allemagne]. Et l'une des raisons de la perte des voix de la CSU en Bavière est la lutte interne entre [Markus] Soeder, le président de Bavière, et le ministre de l’Intérieur, [Horst] Seehofer à Berlin, qui sont tous les deux du même parti mais ne sont pas prêts à se mettre d’accord sur de nombreux de thèmes. Cela peut avoir de grosses conséquences sur la politique nationale, et il n’est pas sûr que [Horst] Seehofer reste ministre de l’Intérieur.
Je ne suis pas certaine, néanmoins, que [ces élections bavaroises] soient un référendum pour ou contre Angela Merkel. Mais dans tous les cas elles auront un impact sur la chancelière, qui est déstabilisée ces derniers temps par les luttes internes entre la CDU et la CSU. De sorte qu'il y a de plus en plus de membres de son parti qui se demandent ce que sera l’après-Merkel. Cela pourrait arriver rapidement. Je ne suis plus sûre qu’elle restera jusqu’à la fin de la législature.
RT France : La coalition actuellement au pouvoir en Allemagne s'est formée, en mars dernier, à l'issue de six mois de crise politique... Quelles seraient les conséquences d'une nouvelle crise d'un point de vue international ?
E. G. : Je pense que la coalition [actuellement au pouvoir au niveau fédéral] pourra rester en place à la condition que [Horst] Seehofer parte et qu’une personnalité plus viable pour un travail en commun soit trouvée pour le remplacer. Il s'agirait bien sûr d'une personnalité venant de la CSU. Je pense que [Horst] Seehofer a mis beaucoup de grains de sable dans les rouages du travail de la coalition. Cela signifierait que, s’il partait, l’on pourrait vraiment commencer à travailler au sein du gouvernement. Cela serait une bonne chose aussi pour l’Europe, pour le travail en commun avec la France et pour faire en sorte que nous trouvions les solutions nécessaires dans certains domaines de la politique européenne.
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