The Times : L'Ukraine pourrait disposer d'une arme nucléaire dans quelques mois
L'Ukraine pourrait fabriquer une bombe nucléaire simple en quelques mois si l'aide militaire des États-Unis venait à manquer, selon un rapport militaire ukrainien. Disposant du plutonium de ses réacteurs nucléaires, elle pourrait fabriquer des ogives de plusieurs kilotonnes. L'Ukraine nie cependant tout projet de développement d'armes nucléaires.
L'Ukraine pourrait développer une bombe nucléaire rudimentaire en quelques mois si Donald Trump, président élu aux États-Unis, décidait de mettre fin à l'aide militaire américaine, avance un rapport d'information préparé pour le ministère ukrainien de la Défense que cite The Times, quotidien britannique. Le pays serait rapidement capable de construire un dispositif élémentaire à partir de plutonium, utilisant une technologie similaire à celle de la bombe «Fat Man» larguée sur Nagasaki en 1945. «Créer une bombe atomique simple, comme l'ont fait les États-Unis dans le cadre du projet Manhattan, ne serait pas une tâche difficile 80 ans plus tard», indique le document.
Bien que l'Ukraine ne puisse pas enrichir l'uranium – un processus essentiel pour la fabrication d'armes nucléaires modernes – ses neuf réacteurs nucléaires en fonctionnement contiennent environ sept tonnes de plutonium, une quantité suffisante à la création de bombes simples.
Même si une version ukrainienne du «Fat Man» ne serait que d'un dixième aussi puissante que l'appareil qui a détruit Nagasaki, la quantité de plutonium dans les réacteurs du pays «suffit pour des centaines d'ogives ayant un rendement tactique de plusieurs kilotonnes», explique le rapport ukrainien auquel se réfère The Times.
Ce document, publié par le Centre d'études de l'armée, de la conversion et du désarmement, un think tank militaire ukrainien, a été présenté au vice-ministre ukrainien de la Défense. Il devait être discuté mercredi 13 novembre lors d'une conférence à laquelle devaient assister les ministres ukrainiens de la Défense et des Industries stratégiques.
L'Ukraine : entre démentis officiels et déclarations controversées
Сes informations ont été relayées par les médias, mais le gouvernement ukrainien s'est empressé de nier tout projet de développement d'un arsenal nucléaire comme moyen de dissuasion contre la Russie si l'aide militaire américaine venait à tarir. Le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Georguiï Tykhiï, a rejeté sur son compte X les affirmations selon lesquelles son pays pourrait chercher à développer des armes nucléaires. «L'Ukraine est engagée dans le TNP», écrit-il, se référant au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968. «Nous ne possédons pas, ne développons pas et n'avons pas l'intention d'acquérir des armes nucléaires. L'Ukraine travaille étroitement avec l'AIEA et est totalement transparente vis-à-vis de ses contrôles, ce qui exclut l'utilisation de matériaux nucléaires à des fins militaires».
Volodymyr Zelensky, cependant, dont le mandat présidentiel a pris fin en mai 2024, a ouvertement déclaré le mois dernier que Kiev ne pourrait se protéger qu'en devenant un État nucléaire ou en rejoignant l'OTAN.
L'Ukraine n'a jamais disposé de ses propres technologies de production d'ogives nucléaires, même lorsqu’elle faisait partie de l'URSS. Par ailleurs, le plutonium de réacteur (produit par les réacteurs des centrales, les seuls que possède l'Ukraine) diffère considérablement du plutonium de qualité militaire. Des infrastructures de production de plutonium de qualité militaire existaient en URSS et aux États-Unis. Elles ont fermé avant 2010.
Un contexte défavorable pour l'Ukraine
La conjoncture politique et militaire n'est guère favorable à l'Ukraine: les troupes russes avancent avec succès dans le Donbass et dans le sud de la Russie, et Donald Trump a promis de réduire l'aide militaire américaine, à moins que Kiev ne se soumette à des pourparlers de paix avec Vladimir Poutine, le président russe.
Bryan Lanza, conseiller de Donald Trump, a clairement exprimé que l'Ukraine devrait renoncer à la Crimée. Si Volodymyr Zelensky insistait lors de négociations de paix sur la restitution de la Crimée, cela montrerait qu'il n'est pas sérieux: «La Crimée est perdue», a-t-il remarqué.
La doctrine nucléaire russe autorise l'utilisation de ces armes en cas de frappe nucléaire sur son territoire ou ses infrastructures ou si l'existence de l'État russe est menacée par des armes conventionnelles.
En septembre 2024, la Russie a apporté des modifications à sa doctrine. Désormais, l'agression d'un État non nucléaire soutenu par un État nucléaire sera considérée par Moscou comme une attaque conjointe. Le Service de renseignement extérieur russe s'est dit certain que la plupart des pays occidentaux avaient entendu cet «avertissement ferme et clair» de la part de la Russie.