La Maison Blanche dit ignorer les journalistes qui mettent leurs pronoms de genre dans leur signature de courriel

L'administration de Donald Trump a exprimé son désaccord avec les journalistes qui incluent leurs pronoms de genre dans leur signature de courriel. Selon la porte-parole de la Maison Blanche, ces journalistes ne se soucient pas de la vérité et il est «impossible de se fier à ce qu’ils écrivent».
Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré qu’elle ne s’adresserait pas à des journalistes qui incluent leurs pronoms de genre dans leur signature de courriel.
« Tout journaliste qui choisit de mettre ses pronoms de préférence dans sa signature de courriel ne se soucie clairement pas des réalités biologiques et de la vérité. Il est par conséquent impossible de se fier à ce qu’il écrit », a déclaré Karoline Leavitt au Washington Post.
La Maison Blanche n’a pas répondu aux questions sur le moment où une politique officielle en la matière avait été mise en œuvre, ni précisé si cela s’appliquerait à l’ensemble de la correspondance entre les journalistes et les autres fonctionnaires de la Maison Blanche en dehors du bureau de presse. Toutefois, au moins un journaliste du Washington Times aurait récemment reçu des réponses de la part de fonctionnaires de la Maison Blanche, malgré une signature de courriel mentionnant des pronoms.
Des journalistes d’autres médias semblent avoir personnellement vécu la rebuffade liée aux pronoms. Le New York Times a rapporté que trois de ses journalistes ayant mis leurs pronoms dans un courriel se sont vu refuser des réponses de la Maison Blanche. Matt Berg, correspondant pour Crooked Media, a également indiqué ses pronoms dans un courriel adressé à la porte-parole de l’administration Trump, à titre d’expérimentation, et s’est vu refuser une réponse pour cette raison.
La pratique consistant à indiquer ses pronoms, que ce soit par courriel ou en personne, s’est normalisée ces dernières années dans de nombreuses industries occidentales comme un moyen d’afficher un soutien à la communauté transgenre ou non-binaire et d’éviter les erreurs de genre. Elle a pourtant été farouchement rejetée par les responsables politiques du Parti républicain, dont certains ont déposé des projets de loi limitant les changements de pronoms dans les écoles ou se sont moqués de l’utilisation des pronoms dans les présentations.
La Maison Blanche a ordonné le 29 janvier aux agences fédérales de cesser d’utiliser toutes les fonctionnalités de courriel incitant les utilisateurs à indiquer leurs pronoms. Le président américain Donald Trump a également émis le 20 janvier, jour de son investiture, un décret selon lequel les États-Unis ne reconnaîtraient officiellement que deux sexes, masculin et féminin. Au Texas, Elon Musk, l’un des alliés les plus proches de Trump, et le gouverneur Greg Abbott ont salué le licenciement d’un travailleur texan ayant refusé de supprimer ses pronoms de sa signature de courriel.
L’Armée de l’air américaine a par ailleurs annoncé l’interdiction d’utiliser les « pronoms de préférence » dans les signatures de courriel, ainsi que sur les réseaux sociaux et les sites officiels. Toutefois, des responsables se sont rendu compte plus tard qu’une telle mesure violait une disposition de la Loi d’autorisation de la Défense nationale de 2024 interdisant toute politique « concernant l’identification de genre ou les pronoms personnels dans la correspondance officielle », qu’elle soit en faveur ou contre.
Cette interdiction survient peu de temps après qu’un juge a sommé la Maison Blanche de lever les restrictions imposées aux journalistes de l’Associated Press pour leur refus d’utiliser la nouvelle appellation du golfe du Mexique. Les journalistes de l’agence avaient été exclus du Bureau ovale et de l’avion présidentiel, ainsi que des autres événements présidentiels pendant près de deux mois.