Benjamin Netanyahou envisagerait de vider le nord de Gaza de tous ses habitants
Accusé régulièrement de vouloir commettre un «nettoyage ethnique» dans la bande de Gaza, Israël étudierait un «plan» visant à diviser l’enclave palestinienne en deux tout et à vider la partie nord de « tous » ses habitants en vue d’y maintenir le contrôle pendant une période «indéterminée».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou étudierait en ce moment, selon des rapports de presse américains, un «plan» visant à bloquer l'aide humanitaire au nord de Gaza pour tenter de piéger sans nourriture ni eau des centaines de milliers de Palestiniens qui ne veulent ou ne peuvent pas quitter leurs maisons dans cette partie de l’enclave palestinienne déjà ravagée par plus d’un an d’opérations militaires israéliennes.
Le plan en question, dont une copie a été largement relayée par la presse américaine, prévoit qu'Israël maintienne le contrôle du nord pendant une période «indéterminée» en créant une nouvelle administration sans le Hamas, divisant la bande de Gaza en deux.
Ce plan, qui a été proposé à Netanyahou et au parlement israélien par un groupe de généraux à la retraite, donnerait aux Palestiniens «une semaine» pour quitter le nord de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza, avant de déclarer cette zone militaire fermée.
Selon Politico, le gouvernement israélien n'a pas encore pris de décision quant à la mise en œuvre complète de ce «Plan des Généraux» ; le média américain cite des sources affirmant que Netanyahou a «lu et étudié» le plan, «comme de nombreux plans qui lui sont parvenus tout au long de la guerre».
Accusé régulièrement de vouloir commettre un «nettoyage ethnique» dans la bande de Gaza, Israël a émis des centaines d’ordres d'évacuation pour le nord tout au long de la guerre qui dure depuis plus d’un an. Le plus récent, datant du 13 octobre, a été massivement fustigé par les agences humanitaires de l’ONU qui lançaient le lendemain la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la polio notamment dans le nord de Gaza.
Catastrophe humanitaire
Les agences humanitaires de l’ONU alertent régulièrement sur la catastrophe humanitaire que la province palestinienne subit depuis octobre 2023, entre les pénuries de médicaments, les manques de soins, l'insalubrité, la propagation de nombreuses maladies et les risques de famine liés au blocage de l'aide humanitaire par Israël.
Pas plus tard que le 14 octobre, le Secrétaire général de l'ONU a condamné le «grand nombre de victimes civiles infligées par les forces israéliennes» dans le cadre de leur campagne militaire qui s'intensifie dans le nord de la bande de Gaza.
Le même jour, Joyce Msuya, secrétaire générale adjointe des Nations unies aux affaires humanitaires, a déclaré que «les horreurs que les Palestiniens de Gaza sont contraints d'endurer ne semblent pas avoir de fin». «Ces atrocités doivent cesser. Les civils et les infrastructures civiles doivent toujours être protégés», a-t-elle notamment martelé.
Ces déclarations de hauts responsables de l’ONU interviennent alors que les forces israéliennes ont frappé des tentes abritant des civils déplacés près de l'hôpital al Aqsa, dans une zone où les habitants du nord de la bande de Gaza ont été invités à se réinstaller après un énième ordre d’évacuation.
Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé, ce 15 octobre, que le bilan des morts dans la bande de Gaza s’élevait à 42 344, dont une majorité d’enfants et de femmes, depuis le 7 octobre 2023. La même source a ajouté que le bilan s’était alourdi à 99 013 blessés, tandis que des milliers de victimes restaient sous les décombres.
«Crimes de guerre» et «génocide»
Fin mai dernier, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait déposé des requêtes d'émission de mandats d'arrêts visant des dirigeants du mouvement de résistance palestinien Hamas ainsi que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant, invoquant des accusations de «crimes de guerre».
De son côté, l'Afrique du Sud a déposé une plainte devant la Cour internationale de justice (CIJ), accusant Israël de commettre «des actes de génocide contre les Palestiniens à Gaza». Des accusations rejetées par Israël, qui poursuit ses opérations meurtrières et destructrices dans l’enclave palestinienne en faisant fi des ordonnances de la CIJ.
Le 24 mai, celle-ci avait sommé Israël de cesser «immédiatement» ses opérations militaires alors qu’il l’avait déjà ordonné le 28 mars d’assurer «sans délai» l’entrée d’une aide humanitaire d’urgence à la bande de Gaza, soulignant que la famine s’était «déclarée» dans l’enclave palestinienne.
En janvier, la Cour avait appelé Israël à «faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza».
Israël a ignoré toutes ces ordonnances.
Occupation «illégale»
Le 19 juillet 2024, la même Cour a rendu un avis jugeant «illégale» l'occupation par Israël de territoires palestiniens conquis depuis 1967, et sommant Israël de réparer le préjudice causé. Un avis rejeté par le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou.
La plus haute juridiction de l’ONU avait conclu que «la présence continue de l’État d’Israël dans le Territoire palestinien occupé est illicite», estimant que l’État d’Israël «est dans l’obligation» de mettre fin «dans les plus brefs délais» à cette présence.
«L’État d’Israël a l’obligation de réparer le préjudice causé à toutes les personnes physiques et morales concernées», a par ailleurs enjoint la CIJ dans cet avis non contraignant. La cour onusienne a ajouté que l’État d’Israël devait cesser «immédiatement toute nouvelle activité de colonisation», et «évacuer tous les colons» du Territoire palestinien occupé.
Par ailleurs, l'occupation et la colonisation de la Palestine sont déclarées illégales erga omnes («à l'égard de tous», ndrl). «Tous les États sont dans l’obligation de ne pas reconnaître comme licite la situation découlant de la présence illicite de l’État d’Israël dans le Territoire palestinien occupé et de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la situation», lit-on notamment dans cet avis de la CIJ.
Une cinquantaine d’États avaient témoigné dans cette affaire sans précédent.