Argent russe saisi pour armer Kiev : la Hongrie redoute une «automatisation des paiements»
La Hongrie s’opposerait à «l’accélération» de l’aide militaire à l’Ukraine, selon le Financial Times. En cause, Budapest s’inquiète de «l’automatisation des paiements» destinés aux achats d’armes à l’Ukraine, ne requérant plus l’aval des vingt-sept.
Bien qu’ils se soient entendus sur la confiscation des intérêts des fonds souverains russes gelés sur leur sol, afin d’armer Kiev, les Vingt-sept peineraient à s’entendre sur les modalités pour les reverser aux Ukrainiens. Selon un papier du Financial Times (FT)publié le 24 mai, qui cite «cinq» sources «informées» d’une réunion des ambassadeurs de l’UE ayant eu lieu le 22 mai, Budapest «s’oppose à l’accélération» des versements destinés à l’achat d’armes pour Kiev.
Si l’envoyé hongrois n’a pas mis son véto à la saisie des fonds russes, annoncée le 21 mai sur les réseaux sociaux, celui-ci «s’inquiète de l’automatisation des paiements», ne nécessitant plus un aval à l’unanimité pour chacun d’eux. «Pour l’instant, ils bloquent tout ce qui est lié au soutien militaire à l’Ukraine», selon l’un des interlocuteurs du quotidien financier britannique.
Ce dernier révèle par ailleurs que Budapest n’a pas opposé son véto à la confiscation des revenus des avoirs russes après que les responsables de l’UE aient «proposé à la Hongrie un accord selon lequel leur part des fonds de Bruxelles ne serait pas utilisée pour acheter des armes pour l’Ukraine».
Budapest, régulièrement accusé d’être proche de Moscou
Ouvertement partisane d’un cessez-le-feu en Ukraine, redoutant notamment une escalade entre la Russie et l’OTAN, la Hongrie a en revanche toujours voté les sanctions européennes. Elle est néanmoins régulièrement pointée du doigt par ses partenaires occidentaux pour des positions présentées comme favorables à Moscou. Des partenaires qui, à plusieurs reprises, ont brandi des mesures de rétorsion en vue de contraindre Budapest.
Ce fut notamment le cas, lorsque la Hongrie n’avait pas donné son feu vert, fin 2023, à une enveloppe européenne de 50 milliards d’euros destinée à Kiev. Plusieurs chefs d’État européens auraient alors songé à «saboter» l’économie hongroise si Budapest ne levait pas son véto. Quelques mois plus tôt, la piste de priver Budapest de son siège au Conseil européen avait été évoquée, afin de contourner son vote. Des révélations qui étaient parues, déjà, dans le Financial Times.
Quelque 191 milliards d’euros de la Banque de Russie sont actuellement gelés dans les coffres d’Euroclear Bank (EB), un organisme international de dépôts de fonds siégeant à Bruxelles et où ces fonds avaient été placés. Des fonds qui, en 2023, ont généré 4,4 milliards d’euros de revenus selon la patronne d’EB. À la suite de l’accord des Européens pour confisquer ces revenus - et d’en dédier «90%» à l’achat d’armes à l'Ukraine -, le Kremlin a fustigé une «expropriation». À plusieurs reprises la Russie a brandi la menace de prendre des mesures miroir, si les Occidentaux venaient à saisir ses actifs.