La Russie et la Géorgie de nouveau reliées par des vols directs, des opposants manifestent (VIDEO)
Les liaisons aériennes ont repris ce 19 mai entre Moscou et Tbilissi après quatre ans d'interruption. Les relations diplomatiques entre les deux pays, elles, n'ont toujours pas été rétablies.
Le premier vol depuis quatre ans à destination de la capitale géorgienne Tbilissi a décollé de Moscou ce 19 mai au matin. Devant l'aéroport, une centaine de manifestants s'est rassemblée en début d'après-midi contre la reprise des vols, a constaté un correspondant de l'AFP. Plusieurs arborent des drapeaux ukrainiens et géorgiens.
Vladimir Poutine avait signé le 10 mai un décret levant l'interdiction des vols des compagnies aériennes russes. Cette décision avait été pris en 2019 en réaction à des manifestations antirusses en Géorgie. Le dirigeant russe a d'ailleurs signé le 15 mai un deuxième décret, autorisant les citoyens géorgiens à entrer sur le territoire de la Fédération de Russie sans visa.
Moscou ouvre donc la porte à un rapprochement avec Tbilissi, bien que les relations diplomatiques entre les deux pays soient encore officiellement rompues, depuis 2008 et le conflit ayant éclaté entre eux, en dépit des propositions russes de les rétablir depuis 2012.
Tbilissi salue la reprise des vols, l'opposition manifeste
Le Premier ministre géorgien Irakli Garibachvili a salué la reprise des vols, tout en précisant que seuls les compagnies et appareils russes exempts de sanctions occidentales seraient autorisés à opérer en Géorgie. «Il n'est question que de relations économiques et commerciales», a-t-il précisé.
L'opposante géorgienne Elene Khochtaria, cheffe du parti d'opposition Droa, a organisé plusieurs manifestations et même affirmé que les manifestants feraient usage de la force si nécessaire. «Nous ne les laisserons pas opérer en Géorgie», a-t-elle déclaré à l'AFP, estimant que le parti au pouvoir, Rêve géorgien, était coupable de «trahison».
Irakli Garibachvili a assuré la semaine dernière que son gouvernement était guidé par «la patience stratégique et le pragmatisme politique».
La Géorgie recalée à la porte de l'UE
La Géorgie est toujours divisée entre des aspirations occidentales et russes. Au mois d'août 2008, un conflit avait éclaté quand Mikhaïl Saakachvili, le dirigeant géorgien d'alors, ouvertement atlantiste, avait ordonné un assaut de l'armée géorgienne contre les régions séparatistes prorusses d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, provoquant une intervention de l'armée russe. Un cessez-le-feu sera ensuite négocié par le président français Nicolas Sarkozy avec son homologue russe Dmitri Medvedev, qui reconnaîtra l'indépendance des républiques autoproclamées, y implantant des bases militaires.
La Géorgie a déposé une candidature conjointe à l'Union européenne avec l'Ukraine et la Moldavie, peu après le début de la guerre en Ukraine. En juin 2023, les dirigeants de l'Union ont accordé le statut de candidat officiel à Kiev et Chisinau, mais ont conditionné celui de Tbilissi à plusieurs réformes (justice, système électoral, liberté de la presse...).