Le chef d'état-major des armées François Lecointre va laisser sa place au général Thierry Burkhard
Le général François Lecointre, chef d'état-major des armées depuis 2017, quittera ses fonctions après le 14 juillet. Nommé sous Emmanuel Macron, il explique vouloir dissocier la fonction du calendrier politique de la prochaine présidentielle.
En fonction depuis quatre ans, le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, va quitter ses fonctions et être remplacé par l'actuel chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Thierry Burkhard, a annoncé ce 13 juin l'Elysée.
«Le général François Lecointre a soumis il y a plusieurs mois au président de la République sa demande de quitter le service actif après le 14 juillet 2021», ont précisé les services de la présidence. «Il n'est pas bon qu'un chef d'état-major des armées puisse être exactement aligné sur un mandat présidentiel», a expliqué François Lecointre lors de l'émission Le Grand Jury (RTL/LeFigaro/LCI) le même jour.
"J'ai demandé au président de la République de me laisser partir, à partir de 4 ans de mandat, c'est-à-dire le 21 juillet prochain (...) La raison est d'éviter qu'il y ait une politisation de la fonction de chef d'état-major des armées", a expliqué l'officier #LeGrandJurypic.twitter.com/ASjTCNVbpX
— Le Grand Jury (@LeGrandJury) June 13, 2021
Le général Lecointre avait succédé en juillet 2017 à Pierre de Villiers, qui avait démissionné après avoir protesté contre les coupes dans le budget de la Défense. «Je ne souhaitais pas qu'un chef d'état-major des armées, qui est un chef militaire, soit associé à un politique», a-t-il ajouté. Pour le général, «il faut à tout prix préserver les armées d'un risque de soupçon sur leur absolue neutralité politique».
Ses propos font écho aux deux tribunes de militaires à l'origine d'une polémique en mai. La ministre des Armées Florence Parly avait dû rappeler l'exigence de neutralité du soldat. Dans la seconde tribune, des cadres supérieurs anonymes dénonçaient ce qu'ils percevaient comme «la guerre civile [qui] couve» dans le pays. Mais selon L'Opinion, le général aurait prévenu Emmanuel Macron de sa volonté de quitter son poste en décembre 2020. Le Figaro précise néanmoins que François Lecointre «a mal vécu les mises en cause personnelles contre lui au printemps dernier».
Un ancien de la Légion étrangère pour succéder au général Lecointre
Le départ du chef d'état-major des armées intervient également au moment où Emmanuel Macron vient d'annoncer une réduction de la présence militaire française au Sahel, avec notamment la «fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure».
L’armée de Terre doit changer d’échelle
Passé par la Légion étrangère, son successeur Thierry Burkhard, 56 ans, a intégré le 2e régiment étranger de parachutistes en 1989 et participé à des opérations extérieures en ex-Yougoslavie, au Tchad, au Gabon, en Côte d’Ivoire et en Afghanistan, selon Ouest France. Il a pris en charge le Service d'informations et de relations publiques des armées (SIRPA) de 2010 à 2013, avant d'être nommé adjoint militaire du Coordonnateur national du renseignement (CNR) à l’Elysée jusqu'en 2015.
Selon L'Opinion, il a eu l'occasion pendant cette période de croiser Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint du cabinet du président François Hollande. Il a servi ensuite au Centre de planification et de conduite des opérations, à Paris, d’abord comme chef de conduite, puis comme commandant, avant d’être nommé en 2019 chef d’état-major des armées de Terre.
«Ça fait plus de dix ans que l’armée s’est concentrée sur la menace du moment qu’était le terrorisme militarisé. L’armée de Terre doit changer d’échelle et se préparer à des conflits plus durs, de haute intensité», expliquait-il en juin 2020 à l’AFP. «Le rapport de force est devenu la règle de gestion» sur la scène géopolitique sur fond de «remilitarisation sans complexe», avait ajouté le général Burkhard, pointant des «adversaires qui testent assez durement sans avoir peur d'aller à l'incident».