La Turquie appelle la France à rapatrier les djihadistes français emprisonnés en Syrie
La France devrait rapatrier et juger les djihadistes français emprisonnés en Syrie, selon le chef de la diplomatie turque. Ankara écarte par ailleurs toute possibilité de pourparlers avec Paris en ce qui concerne la problématique kurde dans le nord-est de la Syrie.
«Si la France a quelque chose à faire, c’est de prendre ses propres citoyens, de les amener dans ses propres prisons et de les juger», a affirmé le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, lors d’une conférence de presse tenue ce 10 janvier. Cité par les médias turcs et français, il a explicitement appelé Paris à rapatrier les djihadistes français emprisonnés en Syrie.
En France, les médias locaux parlent d'une «grosse centaine» de djihadistes français qui auraient participé à la prise de Damas par Hayat Tahrir al-Cham et ses alliés. Un chiffre confirmé par le procureur national antiterroriste de France lors d’une interview avec Le Figaro le 10 décembre dernier.
Ce dernier avait précisé notamment qu’environ 150 autres djihadistes français étaient détenus dans le nord-est syrien et en Irak, outre 300 autres portés disparus. Le procureur antiterroriste avait par ailleurs écarté la possibilité d’un retour de ces djihadistes en France, estimant que ces Français donnaient le sentiment d’avoir voulu s’établir définitivement en Syrie.
Déploiement de troupes françaises
En réponse à une question sur un éventuel déploiement des troupes françaises dans le nord-est syrien, Hakan Fidan a déclaré que les États-Unis étaient les seuls interlocuteurs de la Turquie à propos de cette région. «Nous ne prenons franchement pas en compte les pays qui tentent de promouvoir leurs propres intérêts en Syrie en utilisant la puissance américaine, en se cachant derrière elle», a-t-il dit, faisant référence à la France.
Des rapports de presse citant des responsables kurdes syriens ont évoqué récemment que des pourparlers étaient en cours pour déterminer si les troupes américaines et françaises pourraient décrocher une zone frontalière dans le nord de la Syrie dans le cadre des efforts visant à désamorcer le conflit entre la Turquie et les forces kurdes syriennes soutenues par l'Occident.
Le président français Emmanuel Macron avait déclaré en début de semaine que Paris n'abandonnerait pas les FDS, qui faisaient partie d'une myriade de forces d'opposition pendant la guerre civile syrienne qui a duré plus de 13 ans.
Affirmant que la France ne prenait pas en compte la sécurité de son pays, le chef de la diplomatie turque a expliqué que la Turquie avait «la capacité et la détermination» pour éliminer les menaces sécuritaires, en référence aux combattants kurdes en Syrie.
«Enterrer les combattants kurdes»
Auparavant, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait promis d'«enterrer» les combattants kurdes en Syrie s'ils refusaient de déposer les armes, dans un avertissement sévère adressé aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes dans le nord de la Syrie et dont les YPG (acronyme kurde pour Unités de protection du peuple) sont le noyau opérant à la frontière entre les deux États.
Le président turc a critiqué par ailleurs les États-Unis, son allié au sein de l'OTAN, pour avoir fourni des armes et une formation aux YPG et a précédemment appelé Washington à reconsidérer son soutien à ce groupe, exhortant son partenaire à «choisir entre soutenir la Turquie ou soutenir les combattants kurdes».