Macron par-ci, Macron par-là : quand les médias cèdent à la Macron-mania
Il est partout. Les médias «mainstream» veulent parler à tout prix de l'ex-ministre, quitte à écrire des titres quasi surréalistes. Mais il faut dire que, sans mandat électif, Emmanuel Macron reste, pour l'instant, une créature purement médiatique.
Saviez-vous qu'Emmanuel Macron cherchait un logement ? Eh bien, maintenant vous le savez, et grâce à une info «confidentielle» de RTL, vous saurez en plus où un ancien banquier de la banque Rothschild peut mettre la barre. Pour se loger lui et son épouse Brigitte Trogneux, le fondateur du parti «En marche !» est prêt à consacrer, selon RTL, un budget de 5 700 euros par mois.
Vu le montant du loyer, on peut aller plus loin que RTL et se risquer à dire qu'il pourrait s'agir d'un appartement plutôt bien distribué avec de beaux volumes et très certainement haussmannien.
Sinon, entre deux visites d'appartement, Emmanuel Macron se promène et donne du grain à moudre aux gazettes. Le Parisien relate ainsi qu'Emmanuel Macron est allé faire un petit tour, comme beaucoup de Français anonymes intéressés par le sujet, au salon du rasage. Mais sous les objectifs de dizaines de caméras, dont celui d'une journaliste de Radio classique.
Point rasage #Macron#ComPolpic.twitter.com/a4UIzBEJMK
— Lucile Bréhaut (@LucileBrhaut) 12 septembre 2016
Faisant un beau cadeau aux journalistes, il s'est alors prêté à une séance de rasage au coupe-chou. La tentation était trop belle pour les rédacteurs de ressortir l'allusion à l'épisode bien connu de Nicolas Sarkozy avouant en 2007 sur un plateau de France 2 qu'il pensait à se présenter tous les jours «et pas qu'en se rasant». Voilà de quoi donner sa dimension de présidentiable à Emmanuel Macron. Une info essentielle reprise sur le site du Huffington Post et nombre d'autres publications.
D'abord les médias, ensuite le suffrage universel
Et un candidat présidentiel digne de ce nom se doit d'être à l'écoute de toutes les composantes de son peuple. L'Obs nous rapporte ainsi un rencontre en Emmanuel Macron et des prêtres «anti-mariage pour tous». Que faisait donc Emmanuel Macron (qui n'est «pas socialiste») avec des représentants de la mouvance Manif pour tous ?
Selon l'Obs, heureusement, il ne faut toutefois pas craindre une dérive réac ou une droitisation du jeune ex-banquier devenu ministre de la République : «Le petit cercle de religieux est coutumier de ces rencontres organisées tous les deux mois. L'abbé Grosjean affirme ainsi avoir reçu Najat Vallaud-Belkacem [...] mais aussi plusieurs candidats à la primaire de droite», nous explique l'hebdomadaire. Sauf que ces derniers ne semblent pas avoir eu un tel écho médiatique.
Le fondateur du mouvement politique «En Marche» n'existerait-il alors que comme une option «démocratique» proposée aux Français qui grâce aux médias, en allant, par exemple, remettre sa démission à l'Elysée en empruntant une navette fluviale, parvient à exister ? Emmanuel Macron, ancien banquier d'affaires de la banque Rothschild, recruté sur recommandation de Jacques Attali, mais aussi ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée en charge de la politique économique, n'est jamais passé par l'onction du suffrage universel. Et c'est François Hollande qui lui donne (très) indirectement sa légitimité démocratique en le nommant ministre de l'économie, en remplacement d'Arnaud Montebourg.
La même année une campagne de presse, commencée dans Paris Match qui titre alors «Emmanuel Macron, l'homme pressé» et en dresse le portrait, fait naître le phénomène Macron. Le même Paris Match qui nous apprend ce lundi 12 septembre qu'Emmanuel Macron a rencontré... le dalaï-lama. Lui aussi.
Alexandre Keller