Enlèvement d’un opposant algérien : trois suspects face à des accusations de terrorisme en France

Une nouvelle affaire pourrait encore raviver les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Trois hommes, dont un employé d’un consulat algérien en France, ont été mis en examen à Paris le 11 avril. Ils sont soupçonnés d’avoir pris part à l’enlèvement, fin avril 2024, d’Amir Boukhors, un influenceur franco-algérien.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé, ce 12 avril, la mise en examen de trois individus, dont un agent en poste dans l’un des consulats d’Algérie en France. Ils sont soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’enlèvement, survenu fin avril 2024, d’Amir Boukhors, un influenceur franco-algérien très suivi sur les réseaux sociaux et connu pour ses prises de position critiques envers le régime algérien.
Selon des sources proches du dossier citées par l’AFP, les trois hommes sont poursuivis dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le Pnat. Ils font l’objet de lourdes accusations, notamment « pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire en lien avec une entreprise terroriste, ainsi que pour leur participation présumée à une association de malfaiteurs à caractère terroriste ».
Les suspects ont été, également, mis en examen pour « appartenance à une association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». À l’issue de leur présentation devant la justice, une juge des libertés et de la détention a ordonné leur placement en détention provisoire, le 11 avril, a affirmé le Pnat.
L’un d’eux est employé au sein d’un consulat d’Algérie en France. D’après l’AFP, qui cite l’une de ses sources proches du dossier, la question de son éventuelle immunité diplomatique devra être examinée au cours de la procédure. Il ne détient pas de passeport diplomatique, mais un passeport de service, ce qui pourrait limiter la portée de cette protection.
L’enquête a également conduit à la mise en examen d’un second individu, un Franco-Algérien décrit comme un « père de famille » et présenté comme étant proche de l’employé du consulat d’Algérie, rapportent des médias français.
Une affaire d’État, selon l'avocat d'Amir Boukhros
Éric Plouvier, avocat d'Amir Boukhros, est revenu sur l’affaire : « Ce changement de juridiction, avec l'ouverture d'une information judiciaire, montre qu'une puissance étrangère, l'Algérie, n'a pas hésité à mener une action violente sur le sol français par l'intimidation et la terreur de nature à porter atteinte à la vie. »
En effet, l’avocat a estimé que ce tournant judiciaire, marqué par l’arrestation d’individus liés au régime algérien et leur présentation devant un juge, démontre que les événements du 29 avril 2024 relèvent d’une affaire d’État.
Contactées par l'AFP, les avocates des suspects, parmi lesquelles Véronique Massi et Clotilde Garnier, ont préféré ne faire aucune déclaration à ce sujet.
En décembre, un employé du ministère français de l'Économie a été mis en examen pour avoir transmis des informations sur des opposants au régime algérien, dont Amir Boukhors. Des données demandées et envoyées à un agent du consulat d'Algérie à Créteil, selon le parquet de Paris. « Certaines des personnes concernées ont ensuite été victimes de violences, de menaces de mort ou de tentatives d'enlèvement », selon une source proche de l'enquête.
Amir Boukhors, alias Amir DZ, influenceur suivi par plus de 1,1 million de personnes sur TikTok et YouTube, est connu pour ses vidéos dénonçant le régime algérien.
Réfugié politique en France, il a été enlevé par de faux policiers en avril 2024. Selon des informations de l’AFP, Amir DZ était la cible d'un contrat d'assassinat, avec pour objectif initial des auteurs de l'opération soit de le tuer, soit de le kidnapper pour le ramener en Algérie et y faire exécuter sa peine de mort.