Pénuries de médicaments en France : Macron annonce relocaliser une partie de la production
En affirmant vouloir relocaliser une partie de la production de médicaments, le président entend faire face aux pénuries qui touchent la France depuis la crise sanitaire. Les oppositions dénoncent des effets d’annonce.
37% des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie selon une étude BVA de mars citée par l’Elysée. Un constat alarmant qui explique le déplacement présidentiel ce 13 juin en Ardèche sur le site du laboratoire pharmaceutique Aguettant. Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de «continuer de relocaliser».
25 médicaments relocalisés contre les pénuries
«Trop d’entre nous sommes confrontés à des pénuries dans nos pharmacies.» Le constat présidentiel touchait du doigt les difficultés d’approvisionnement de la France depuis plusieurs années et plus particulièrement depuis la crise sanitaire.
Emmanuel Macron a évoqué 450 médicaments dont il fallait relocaliser la production. Une liste rapportée à 50 produits, la «liste cœur» comme l’appelle le président, pour laquelle il faut relocaliser pour éviter les pénuries. Sur ces 50 médicaments, ce sont finalement 25 qui seront relocalisés : «Sur la cinquantaine de premiers médicaments essentiels pour lesquels notre dépendance aux importations extra-européennes est avérée […] la moitié, c’est-à-dire 25 de ces médicaments, verront leur production relocalisée ou augmenter significativement sur le territoire national ».
Pour parvenir à ces relocalisations, le président a annoncé que l’Etat allait soutenir financièrement huit nouveaux projets de relocalisation à travers le plan d’investissement France 2030. Ces nouveaux projets devraient représenter un investissement total de plus de 160 millions d’euros.
Nous investissons plus de 160 millions d’euros pour renforcer notre souveraineté sanitaire et relocaliser en France la production de nos médicaments essentiels. pic.twitter.com/3x6Ap3Tq4M
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 13, 2023
Des annonces critiquées par la gauche
Parmi les récipiendaires des aides se trouve la multinationale britannique GSK, installée en Mayenne, qui travaille sur l’amoxicilline et se trouve être stratégique pour les domaines de l’anesthésie-réanimation, les antidouleurs morphiniques ou encore les anticancéreux.
Les annonces présidentielles n’ont pas convaincu les oppositions de gauche, qui les perçoivent comme trop faibles compte tenu des pertes d’emploi, notamment chez Sanofi. Le Rassemblement national n'a pas encore réagi.
La députée de Seine-Maritime Alma Dufour a interpellé le président sur les réseaux sociaux, rappelant que le laboratoire Sanofi allait supprimer 135 emplois dans le Gard et dans les Alpes-de-Haute-Provence. En amont de la visite présidentielle en Ardèche, une autre élue de gauche avait critiqué le projet présidentiel, la sénatrice PCF Laurence Cohen qui avait appelé dans les colonnes de L’Humanité ce 13 juin à la «création d’un pôle public du médicament et à la reconquête de l’appareil industriel français».
Très bien alors qu'allez-vous faire pour empêcher Sanofi de supprimer 135 emplois, sur le site d’Aramon, dans le Gard, et à l'usine de Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence ? Ce sont près de 10 % des effectifs en CDI, principalement des postes de techniciens et d’ouvriers.
— Alma Dufour (@alma_dufour) June 13, 2023
Le baromètre France Assos Santé 2023 des droits de personnes malades estime que plus d’un Français sur trois (37 %) a été confronté à des pénuries de médicaments, une proportion en augmentation de 8 points par rapport à 2022. L’AFP rappelle de son côté que la France dépend à hauteur de 60 à 80% des importations en matière de production de médicaments dits matures (antibiotiques, produits d’anesthésie…).