Rupture de médicaments en France : les pharmaciens tirent la sonnette d’alarme
En France, face aux pénuries de médicaments, les pharmaciens tirent la sonnette d’alarme. Au pays de Louis Pasteur, plus de 3 000 médicaments seraient concernés par ce phénomène persistant.
«On paie une sécurité sociale horriblement cher et puis en fin de compte on n’est pas remboursé, on n’a pas de médicaments, on n’a rien», s’insurge une mère de famille auprès de la correspondante de RT en français Nadège Abderrazak. Cette habitante de Châtenay-Malabry, en région parisienne, relate avoir déjà fait «cinq pharmacies […] pour trouver un médicament».
Dans l’Hexagone, plus de 3 000 médicaments seraient concernés par la pénurie, selon Sonia de La Provôté, présidente de la commission sénatoriale d'enquête sur la pénurie de médicaments et les choix de l'industrie pharmaceutique. Pour tenter d’endiguer ce phénomène qui persiste depuis plusieurs années, le ministre de la Santé avait annoncé mi-mai devant l’Assemblée avoir reçu une première liste de 281 médicaments «critiques».
Liste qui, selon François Braun, «permettra de mieux étudier la chaîne de production de chaque médicament et de mettre en place des mesures concrètes pour éviter les ruptures». Au-delà de l’exigence de «plus de transparence» des laboratoires, le ministre français avait également appelé en mai à plus de solidarité européenne en matière d’approvisionnement en médicaments.
Les médicaments des Français majoritairement produits à l’étranger
Pour Yorick Berger, secrétaire général du syndicat des pharmaciens de Paris, la source du problème est plus prosaïque. Dans la mesure où la France dépend de l’étranger pour ses approvisionnements, «le prix des médicaments est trop bas». «On a donc le revers de la médaille, on est servi après d’autres pays où les prix sont plus intéressants pour les industriels», estime-t-il auprès de RT en Français. Ce pharmacien rappelle l’épisode des masques de protection respiratoires durant la crise du Covid-19. «D’autres pays, comme les Etats-Unis, passaient devant nous parce qu’ils achetaient à des prix plus élevés», développe-t-il.
«Les corticoïdes, c’est fabriqué à 100% en Asie», souligne Yorick Berger. Avant d’insister : «Les antibiotiques, c’est l'Inde et l’Asie. Si ces pays ferment les robinets, on n’a plus d’antibiotiques pour soigner.» Le pharmacien évoque également l’impact, sur le secteur pharmaceutique, de la hausse des coûts de l’énergie ainsi que des normes de fabrication au sein de l’Union européenne. Dans un premier temps, les prix doivent selon lui être réévalués à la hausse. A plus long terme, une politique de réindustrialisation doit être mise en place.