Le patron de Google s’excuse pour une campagne de lobbying contre l'UE
- Avec Reuters
Le PDG de la société Alphabet, propriétaire de Google, et Thierry Breton, commissaire européen chargé du numérique, ont eu une explication franche. En cause : une campagne de lobbying contre la future réglementation européenne sur les GAFA.
Sundar Pichai, PDG d'Alphabet, la maison mère de Google, a présenté ses excuses au commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, lors d’une conversation en visioconférence dans la soirée du 12 novembre.
Un document interne de Google dont le commissaire européen a eu connaissance établissait une stratégie visant à vider de sa substance le projet de réglementation de l’activité des grandes entreprises du numériques, qui devrait être présenté début décembre.
Selon les révélations de l’hebdomadaire Le Point, ce document préconisait de mobiliser les représentations commerciales et divers services des Etats-Unis contre le projet de réglementation ainsi que son promoteur, et de semer la zizanie à Bruxelles entre différentes administrations.
«Je n'ai pas été surpris. Je ne suis pas naïf. Je pensais que c'était un peu démodé», a déclaré Thierry Breton, cité par Reuters, à l'Association de la presse anglo-américaine lors d'une réunion en ligne vendredi, en agitant le document. «En tout cas, oui j'ai eu une discussion avec Sundar [...] je lui ai dit ce que je devais lui dire [...] il s'est excusé. [Je lui ai dit] Si vous avez besoin de me dire quelque chose, ma porte sera toujours ouverte», a ajouté le commissaire européen.
Cet incident souligne le lobbying intense des grandes entreprises de technologie contre les règles dont l’Union européenne prévoit de se doter, et qui pourraient aller jusqu’à un démantèlement de certaines entreprises, comme l’a laissé entendre, début septembre, Thierry Breton dans une interview accordée au quotidien britannique Financial Times.
Thierry Breton présentera le 2 décembre un nouveau projet de règlementation connu sous le nom de Loi sur les services numériques et les marchés numériques avec la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager.
Cette dernière a déjà infligé des amendes pour un montant cumulé de 8,25 milliards d'euros (9,7 milliards de dollars) à Google au cours des trois dernières années pour avoir abusé de sa position dominante afin de favoriser son service de comparaison de prix de biens et services, ainsi que son système d'exploitation pour téléphones mobiles Android et ses activités publicitaires.