«À la Maison Blanche, enfin des gens raisonnables» : Sergueï Lavrov salue une reprise du dialogue avec Washington

Dans une interview à un média russe, Sergueï Lavrov a affirmé que le dialogue russo-américain, bien que difficile, est en cours de restauration. Il a salué l'arrivée de partenaires «raisonnables» dans l’administration américaine, précisant que Moscou n'exigeait de personne la levée des sanctions, et dénonçant les autorités au pouvoir à Kiev.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accordé une longue interview au journal Kommersant, publiée le 14 avril 2025, dans laquelle il est revenu en détail sur l’état des relations internationales et les évolutions récentes dans les négociations entre Moscou et Washington. Il a affirmé que « le dialogue entre Moscou et Washington se rétablit lentement mais sûrement », soulignant qu’« à la Maison Blanche, des gens raisonnables sont enfin apparus », ce qui permet aujourd’hui de reprendre des discussions bilatérales sur des bases plus pragmatiques.

Le chef de la diplomatie russe a mis en avant la nouvelle dynamique instaurée par l’équipe de Donald Trump, qui selon lui « tente sincèrement de comprendre la nature du conflit en Ukraine, à la différence des Européens », qu’il accuse d’agir avec « une hostilité aveugle ». Le ministre russe estime que les pays de l’Union européenne, en particulier la France, le Royaume-Uni et les pays baltes, continuent de bloquer tout effort de rapprochement, préférant attiser les tensions. À l’inverse, du côté américain, « le bon sens semble avoir repris une certaine place dans les discussions ».

Plusieurs réunions russo-américaines ont eu lieu ces derniers mois, notamment à Riyad et Istanbul, avec des avancées concrètes sur des sujets comme la normalisation du travail des ambassades, la délivrance des visas diplomatiques, ou encore la restitution des propriétés diplomatiques russes confisquées illégalement par les autorités américaines. Sergueï Lavrov a également évoqué des contacts téléphoniques entre les présidents Vladimir Poutine et Donald Trump, preuve selon lui d’un « dialogue direct rétabli entre deux puissances majeures ».

Aucune demande de levée des sanctions

Sur le plan économique, Sergueï Lavrov a été très clair : « Nous ne courons après personne et ne demandons pas l’annulation des sanctions », a-t-il martelé. Selon lui, la Russie a intégré le fait que ces restrictions, qu’il qualifie de « sanctions illégales », font désormais partie du paysage international imposé par l’Occident. Il a rappelé que les échanges commerciaux entre Moscou et Washington ont été « réduits de 95 % » par rapport à leur pic d’il y a dix ans, illustrant la brutalité des mesures américaines.

Le ministre a insisté sur le fait que la Russie a tiré les leçons de cette confrontation économique, notamment en développant son autonomie stratégique. « Plus jamais la Russie ne retombera dans une dépendance vis-à-vis de composants étrangers », a-t-il affirmé, en pointant directement l’administration Biden comme responsable de la fragmentation de l’économie mondiale. Il a également rappelé les nombreuses initiatives russes visant à renforcer la souveraineté technologique, agricole et militaire du pays.

Il a souligné que la fin de la mondialisation n’est pas le fait de la Russie, mais bien celui des États-Unis sous la présidence de Joe Biden, qui a, selon lui, fait des sanctions « le seul outil de sa politique étrangère ». Le ministre russe a noté que plus de la moitié des pays du monde sont aujourd’hui touchés par des sanctions unilatérales américaines, y compris des États comme la Chine, l’Iran ou le Venezuela.

Les autorités de Kiev dénoncées avec virulence

Concernant l’Ukraine, Sergueï Lavrov a tenu un discours sans concession. Il a qualifié le régime de Kiev de « russophobe et nazi », affirmant que « seule la force peut les chasser du pouvoir ». D’après lui, Volodymyr Zelensky et son entourage n’ont aucun projet politique à part maintenir coûte que coûte un pouvoir hostile à la Russie. « Ce sont des marchands, des spéculateurs, qui n’ont rien à offrir », a-t-il déclaré.

Sergueï Lavrov a également mis en cause l’attitude de l’Union européenne, qu’il accuse sur le long terme de vouloir conserver un pouvoir en Ukraine identique « dans son essence », quitte à en changer uniquement la façade. « Ils trouveront peut-être un nouveau petit führer, moins compromis, mais le fond du régime restera le même », a-t-il prévenu. Le ministre a aussi dénoncé le silence occidental face à la répression contre la langue russe, l’Église orthodoxe et les droits des minorités dans les territoires contrôlés par Kiev.

Il a affirmé que la Russie restera ouverte au dialogue, mais à ses conditions. Il a insisté sur la nécessité de bâtir les relations internationales sur le respect mutuel, la souveraineté et les intérêts nationaux clairement affirmés. « Nous comprenons ce qu’est une vraie négociation. Nous savons distinguer une offre honnête d’un piège », a-t-il conclu.