A la fin de son ultime mandat, le président guinéen propose de changer la Constitution, suscitant une vaste contestation. Sur le terrain, la crise politique prend de l’ampleur tandis que la communauté internationale montre plutôt de la retenue.
La Guinée s’enfonce dans une crise politique d’une gravité exceptionnelle. Depuis le mois d’octobre 2019, un intense mouvement de contestation agite le pays. En cause, le référendum constitutionnel initié par le président du pays Alpha Condé. A quelques mois de la fin de son second mandat, il propose d’adopter une nouvelle Constitution qui pourrait potentiellement lui permettre de rester à la tête du pays pendant encore douze ans. Une perspective qui n’est évidemment pas du goût de l’opposition. Les forces politiques anti-Condé se réunissent pour des actions communes avec un objectif bien précis : empêcher à tout prix la tenue du scrutin. Afin d’exercer plus de pression sur le pouvoir, elles lancent un appel à des organisations internationales, parmi lesquelles la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations Unies, dont les réponses se limitent cependant à des expressions d'inquiétude et des appels à la retenue. La France, elle, est presque la seule à avoir fermement condamné les actions d’Alpha Condé.
Comment la diplomatie française justifie-t-elle sa position ? Pourquoi les pays de la région s'abstiennent-ils de critiquer le président guinéen ? Enfin quel est son bilan, dix ans après son accession au pouvoir? Pour répondre à ces questions nous rejoignons Amzat Boukari-Yabara, professeur à l'Ecole Politique Africaine de Paris, secrétaire général de la Ligue Panafricaine–UMOJA.
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