Blocus partiel de Kaliningrad : Moscou prêt à prendre des mesures pour «défendre ses intérêts»
Jugeant les restrictions sur le transit vers l'enclave russe imposées par la Lituanie «ouvertement hostiles» et «contraires à ses obligations juridiques internationales», Moscou s'est dit prêt à prendre des mesures pour «la défense de ses intérêts».
La décision des autorités lituaniennes d'interdire – sans notification préalable – le transit sur leur territoire de certains biens en provenance de Russie destinés à l'enclave de Kaliningrad a vertement été dénoncée ce 20 juin par la diplomatie russe.
Le ministère russe des Affaires étrangères a exprimé ses vives protestations auprès de la chargée d'affaires par intérim Virginia Umbrasene, demandant la levée immédiate de ces restrictions.
«Il a été souligné que la partie russe considérait comme ouvertement hostiles ces mesures provocatrices de la partie lituanienne qui violent les obligations juridiques internationales de Lituanie, surtout la Déclaration conjointe de la Fédération de Russie et de l’Union européenne sur le fonctionnement du transit facilité entre la région de Kaliningrad et le reste de la Fédération de Russie de 2002», a indiqué le ministère dans un communiqué.
Et la diplomatie russe d'avertir que si le transit ferroviaire entre Kaliningrad et le reste de Russie n'était pas restauré «dans son intégralité», elle se réservait le droit «de prendre des mesures visant à assurer la défense de ses intérêts nationaux».
«La situation est plus que grave», a pour sa part relevé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, estimant qu'une «analyse approfondie [était] nécessaire pour élaborer les répliques».
La Commission européenne à l'origine de ce blocus ?
Selon le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis la décision de mettre en place un tel blocus ne serait pas le seul fait de Vilnius, puisque l'idée viendrait initialement de la Commission européenne.
«Depuis le 17 juin, les marchandises [frappées par les sanctions européennes] [...] ne peuvent plus être transportées à travers la Lituanie. Cette mesure a été prise après consultation de la Commission européenne et sur ses recommandations», a ainsi expliqué Gabrielius Landsbergis avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Luxembourg ce 20 juin.
Une information confirmée à demi-mot plus tard dans la journée par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, qui a par ailleurs réfuté le terme de «blocus». «Le transit par voie terrestre entre la Russie et Kaliningrad n'a pas été stoppé ni interdit. Le transit des passagers et des marchandises se poursuit. Il n'y a pas de blocus [...] La Lituanie n'a adopté aucune restriction unilatérale, ni nationale. C'est faux. Elle applique les sanctions de l'UE», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse à Luxembourg.
Comme le rapporte l'agence TASS, cette décision avait été dénoncée dès le 17 juin par le gouverneur de Kaliningrad, Anton Alikhanov. Ce dernier avait affirmé qu'une telle mesure allait à l'encontre des dispositions de l'accord d'adhésion de la Lituanie à l'Union européenne. Selon lui, 50% des flux de marchandises entre la région et le reste de la Russie vont être affectés.
En attendant une éventuelle évolution de la situation, Anton Alikhanov a annoncé que les biens concernés par les restrictions seraient acheminés vers l'enclave par navire «d'ici une semaine».