La diplomatie russe attend toujours des réponses concrètes de Washington sur l'expansion de l'OTAN
Pas de réponses concrètes sur l'expansion de l'OTAN, exigences «inacceptables»... La diplomatie russe a fait savoir aux Etats-Unis qu'elle déplorait leur réponse sur ses propositions de garanties de sécurité qui esquivent ses principales demandes.
Le ministère russe des Affaires étrangères a livré ce 17 février à la partie américaine ses premiers commentaires sur les propositions de Washington concernant la sécurité en Europe. Celles-ci constituaient elles-mêmes une réponse aux propositions de traités remises par Moscou mi-décembre qui avaient donné lieu à une série de tractations diplomatiques.
En l'état, la diplomatie russe déplore le manque de considération apporté par les Etats-Unis aux points que Moscou juge essentiels, Washington préférant selon elle les ignorer pour faire des propositions «visant à créer des avantages pour eux-mêmes et leurs alliés au détriment des intérêts de sécurité de la Russie».
«Les exigences sous forme d’ultimatum demandant le retrait des troupes de certaines régions du territoire russe, accompagnées de menaces de durcissement des sanctions, sont inacceptables et sapent les perspectives d’accords réels», souligne ainsi le ministère des Affaires étrangères.
Dans sa réponse, la Russie insiste de son côté sur le retrait d’Europe centrale, orientale et des pays baltes des troupes et armes américaines, soulignant que les questions de contrôle des armements devaient faire partie intégrante des questions de garanties de sécurité.
La Russie «forcée de réagir», faute de garanties juridiques
Autre point majeur, la Russie souligne dans sa réponse attendre des propositions concrètes des Etats-Unis et de l’OTAN sur le contenu et les formes de la décision juridique de l’Alliance de renoncer à son expansion vers l’est.
Moscou rappelle également que la désescalade autour de l’Ukraine nécessite la mise en œuvre par Kiev des accords de Minsk, la cessation des livraisons d’armes à l’Ukraine et le retrait de ce qui a déjà été livré, le départ de tous les conseillers et instructeurs occidentaux, et le renoncement de l'OTAN à mener des exercices conjoints avec l’Ukraine.
«En l'absence de disposition de la partie américaine à s'entendre sur des garanties juridiques fermes pour notre sécurité [...] la Russie sera forcée de réagir, notamment par la mise en œuvre de mesures à caractère militaire et technique», prévient le ministère russe des Affaires étrangères.
La diplomatie russe rappelle cependant, à toutes fins utiles, qu'«aucune "invasion russe" de l'Ukraine, qu'annoncent depuis l'automne dernier des responsables américains et leurs alliés, n'a lieu et n'est prévue».
Les Etats-Unis réclament des «engagements réciproques»
Si les Etats-Unis n'avaient pas rendu publiques leurs réponses aux propositions russes, des documents fuités début février, dont l'authenticité a été confirmée, en donnaient la teneur. Le texte stipulait fermement que l'Ukraine ou tout autre pays souverain a le droit de demander à rejoindre l'Alliance atlantique.
La réponse américaine suggérait par ailleurs la prise d'«engagements réciproques de la part des Etats-Unis et de la Russie de ne pas déployer de systèmes terrestres de lancement de missiles offensifs et des forces permanentes chargées de combattre sur le territoire ukrainien». Washington propose également que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l'inquiètent en Europe. Les Etats-Unis se disent aussi prêts à discuter de l'«indivisibilité de la sécurité».