Le président sud-africain dénonce une tentative d'«insurrection» après les violences
- Avec AFP
Alors que les troubles ayant embrasé le pays ces derniers jours ont fait plus de 200 morts, le président sud-africain a déclaré que ceux-ci ont été «planifiés et coordonnés» par des personnes cherchant à provoquer «une insurrection».
Les troubles et les pillages en Afrique du Sud, qui ont fait plus de 200 morts ces derniers jours, ont été «planifiés et coordonnés» par des personnes cherchant à provoquer «une insurrection» dans le pays, a accusé ce 16 juillet le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Les premiers incidents, pneus brûlés et routes bloquées, ont éclaté la semaine dernière au lendemain de l'incarcération de l'ex-président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice. Ils se sont ensuite étendus, sur fond de chômage endémique et de nouvelles restrictions anti-Covid, jusqu'à provoquer l'intervention de l'armée.
«Ceux qui sont derrière ces actes ont cherché à provoquer une insurrection populaire au sein de notre peuple», a déclaré Cyril Ramaphosa dans un discours à la nation retransmis à la télévision.
Depuis plusieurs jours, des entrepôts, usines et centres commerciaux du Kwazulu-Natal (KZN, est du pays) et de Johannesburg sont la cible de pillages et de destructions. La situation «revient graduellement mais sûrement à la normale», a toutefois déclaré la ministre Khumbudzo Ntshavheni, aucun incident n'étant à signaler au cours des dernières 24 heures dans l'agglomération de Johannesburg.
Admettant que le pays était «peu préparé à une opération orchestrée», le président sud-africain a assuré que «tout sera fait pour traduire ces personnes devant la justice». Au total, plus de 2 500 personnes ont été arrêtées à ce jour.
La police enquête sur 12 personnes soupçonnées d'être derrière le déchaînement de violences. L'une d'entre elle a «déjà été arrêtée et la surveillance accrue concernant les 11 autres», selon le gouvernement.
Des responsables sud-africains de santé s'inquiètent par ailleurs que les récents mouvements de foule, notamment lors des pillages, ne provoquent un pic des contaminations de Covid-19. Le pays traverse une troisième vague alimentée par le très contagieux virus Delta.
En déplacement dans le KZN plus tôt dans la journée, le chef d'Etat a regretté que les destructions «nous font revenir en arrière, en termes de reprise économique», qualifiant cette crise d'une des plus sévères traversées par le pays depuis l'avènement de la démocratie post-apartheid.
Plus de 25 000 soldats mobilisés
Réagissant aux critiques sur l'action du gouvernement, il a toutefois déclaré que cette situation «aurait pu être bien pire» si les forces de l'ordre n'avaient pas été au rendez-vous.
Il a promis que jusqu'à 25 000 soldats, dix fois plus qu'en début de semaine, seraient bientôt opérationnels pour sécuriser un calme encore précaire.
Arrivé en hélicoptère dans le township d'Alexandra au nord de la capitale économique, le chef d'état-major des armées, le général Rudzani Maphwanya, a promis qu'il ne laisserait personne «défier l'autorité de l'État».
«Nous n'allons pas permettre aux voyous, aux escrocs de continuer», a-t-il déclaré.
Il ne faut pas céder à la panique en se ruant vers les magasins dans la crainte des pénuries, a demandé la ministre de l'Agriculture, Thoko Didiza: «Nous avons suffisamment de réserves alimentaires dans le pays.»
Mais des habitants de Durban, qui continuaient à patienter dans de longues files d'attente devant les supermarchés, ont évoqué une pénurie de pain notamment.
A Johannesburg, le cœur lourd, en plein hiver austral glacial, beaucoup ont continué à déblayer, réparer, nettoyer, pour accélérer un retour à une vie normale. Mais les dégâts sont considérables, peu de commerçants vandalisés étaient assurés et l'ampleur du travail à faire décourageant, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Dans le KZN, les nerfs restent à fleur de peau, notamment à Phoenix, un township près de Durban, dans un contexte de tensions raciales. Des Sud-Africains d'origine indienne voulant défendre leur communauté sont accusés d'y avoir tué vingt pillards présumés, tous noirs.