Une centaine d'élus de gauche demandent à Macron de condamner la répression en Colombie
Dans une tribune adressée au président français, des députés, sénateurs et maires des partis LFI, PC, PS ou EELV dénoncent l'«usage excessif et disproportionné de la force», et les «atteintes graves aux droits humains» du pouvoir colombien.
Une centaine d’élus français, dont des eurodéputés et des parlementaires, appellent le président Emmanuel Macron à condamner la répression des manifestants en Colombie, dans une tribune publiée le 10 mai sur Mediapart. Le texte va être adressé par courrier à l'Elysée ainsi qu'au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Ces élus dénoncent «la réponse de l’Etat colombien face aux manifestations [qui] relève d’un usage excessif et disproportionné de la force, et s’accompagne d’atteintes graves aux droits humains». Parmi les signataires se trouvent des députés communistes comme Fabien Roussel, et LFI comme Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Eric Coquerel et Adrien Quatennens, ainsi que les maires EELV Grégory Doucet (Lyon) et Eric Piolle (Grenoble), et des adjoints au maire, Michèle Rubirola (Marseille), Emmanuel Grégoire, David Belliard et Jean-Luc Romero (Paris) entre autres. Au milieu des signatures de toutes ces figures de gauche se trouve également celle du député ex-LREM de l'Essonne Cédric Villani.
Depuis le 28 avril et un appel à la grève général, le gouvernement colombien de droite est confronté à une crise sociale provoquée par un projet de hausse des impôts visant à atténuer l'impact économique de la pandémie de Covid-19. Le président Ivan Duque a finalement retiré le texte le 2 mai sous la pression populaire, mais la répression policière a accru la colère de la rue. Selon le dernier bilan officiel relayé par l'AFP, les violences qui ont marqué les manifestations ont fait au moins 27 morts et des centaines de blessés. Les ONG locales Temblores et Indepaz dénoncent pour leur part 47 morts, «dont 39 par violence policière».
Les élus français signataires de la tribune estiment que la France «se doit d’interpeller le président colombien, Ivan Duque, afin qu’il garantisse l’application des accords de paix» signés en 2016 entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et l'ex-guérilla des Farc. Ils soulignent également l'importance du bon «usage de fonds français dédiés, notamment dans le cadre de l’Aide publique au développement».
Le soutien de Washington va à Ivan Duque
Les Etats-Unis ont de leur côté apporté leur soutien au pouvoir en place. Dans un communiqué le 4 mai, le Département d'Etat américain a certes réaffirmé «le droit incontestable de manifester pacifiquement», mais il s'en est aussi pris aux manifestants colombiens, estimant que «la violence et le vandalisme constituent un abus de ce droit». Washington appelle toutefois les forces gouvernementales colombiennes à «faire preuve de la plus grande retenue pour éviter d’autres pertes en vies humaines».
Du côté de l'Union européenne, le Haut représentant pour les Affaires étrangères Josep Borell a également publié un communiqué le 6 mai dénonçant la répression, mais aussi la violence de certains infiltrés violents dans les mobilisations et saluant l’appel lancé par le président Duque en faveur d’un dialogue national.