Afrique du Sud : la justice propose à Jacob Zuma de définir pour lui-même une «sanction appropriée»
L'ex-chef de l'Etat, qui refuse de témoigner devant la commission sur la corruption sous sa présidence, doit déposer d'ici le 14 avril une déclaration sous serment stipulant «la nature et l'ampleur de la peine qui devrait lui être imposée».
Une requête plutôt inhabituelle. La justice sud-africaine a demandé à l'ex-président Jacob Zuma, poursuivi pour «outrage à la justice», de déterminer lui-même sa peine dans le cas où il serait jugé coupable. Il doit rendre son jugement d'ici le 14 avril.
L'ancien chef d'Etat de 79 ans snobe, depuis sa création en 2018, la commission chargée d'enquêter sur la corruption généralisée pendant ses neuf années au pouvoir (2009-2018). En février, après un énième refus de témoigner, la commission présidée par le juge Raymond Zondo avait réclamé à la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, de prononcer une peine de deux ans de prison pour «outrage à la justice» contre l'ancien chef de l'Etat.
En cause, le fait que l'ex-président avait non seulement ignoré une convocation de la commission, mais également enfreint une décision rendue en janvier par la Cour constitutionnelle qui l'obligeait à comparaître et le privait du droit à garder le silence.
Les juges se prépareraient «à lui infliger une peine sévère»
Dans une directive datée du 9 avril et publiée sur le site internet de la Cour constitutionnelle, cette dernière a demandé que Zuma détermine «ce qui constitue la sanction appropriée». Il doit déposer, au plus tard le 14 avril, une déclaration sous serment expliquant «la nature et l'ampleur de la peine qui devrait lui être imposée». Selon les juristes, il n'est pas courant pour la justice de faire une telle demande. Les juges «veulent montrer qu'ils ont exploré toutes les possibilités pour l'entendre, et se préparent à lui infliger une peine sévère», explique à l'AFP James Grant, un avocat spécialisé dans le droit constitutionnel.
Jacob Zuma a déjà déclaré être prêt à ce que «la loi suive son cours», affirmant n'avoir aucune crainte d'être arrêté, condamné, ni incarcéré. L'ancien président n'a témoigné qu'une seule fois devant la commission anti-corruption, en juillet 2019. Il avait rapidement claqué la porte, s'offusquant d'être traité comme un «accusé». Englué dans les scandales, il avait été poussé à la démission en 2018 et remplacé par l'actuel président, Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille. Ce dernier, qui fut vice-président de Jacob Zuma entre 2014 et 2018, est lui-même convoqué pour témoigner devant la commission du 22 au 29 avril.