«Macron dégage» : plusieurs slogans contre la France lancés pendant la marche du Hirak à Alger
Alors que le Premier ministre français Jean Castex a annulé une visite diplomatique à la dernière minute, les manifestants du Hirak ont proféré plusieurs slogans contre la France au cours de la marche hebdomadaire du mouvement à Alger, le 9 avril.
Au cours de la marche hebdomadaire des manifestants antirégime du Hirak le 9 avril, des slogans contre la France ont été lancés dans le cortège à Alger, au lendemain de l'annulation de la visite du Premier ministre français Jean Castex qui aurait dû se rendre le 11 avril dans la capitale, rapporte l'AFP.
La rue Pasteur noire de monde pour le 112e vendredi de mobilisation populaire. #Alger#Algerie#Hirakpic.twitter.com/fU0f4EShrM
— Meriem Naït Lounis (@meriem_nait_) April 9, 2021
Dans la foule, des slogans comme «la France est de retour, jeunes levez-vous !» ont été criés par les protestataires. Sur certaines pancartes étaient inscrits : «Là où arrive la France, c'est la destruction», «Macron dégage, vous n'êtes pas le bienvenu dans le pays des Martyrs». L'AFP rapporte également un dessin montrait un coq, symbole de la France, picorant une carte du pays maghrébin avec la mention «L'Algérie n'est pas à vendre».
Le Hirak rejette l'organisation des élections législatives le 12 juin
Ces mots d'ordre sont récurrents lors des défilés du Hirak, les opposants accusant Paris d'avoir ouvertement pris le parti du président Abdelmadjid Tebboune. La visite de Jean Castex a été annulée le 8 avril au soir à la demande d'Alger, mécontent semble-t-il de la taille de la délégation ministérielle française : diverses sources ont expliqué à l'agence de presse que l'irritation de l'exécutif algérien résultait d'une délégation française réduite à quatre ministres, puis deux, contre une dizaine habituellement pour ce genre d'exercice. Plus tôt dans la journée, le ministre algérien du Travail et de la Sécurité sociale Hachemi Djaaboub avait par ailleurs qualifié la France «d'ennemi traditionnel et éternel» de l'Algérie. Des propos à rebours du réchauffement bilatéral engagé par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.
Nous sommes devant un Hirak multiple et divers mais uni
Toujours selon l'AFP, les manifestants ont également appelé le 9 avril à l'unité, après que le pouvoir a mis en garde le mouvement contre des «dérapages extrémistes». «C'est une initiative pour rassembler tous les Algériens et pour dire que nous sommes devant un Hirak multiple et divers mais uni, car l'union des Algériens est leur force», a déclaré le sociologue Nacer Djabi, un leader du Hirak. «Peuple uni !», ont scandé les manifestants, en réaffirmant leur opposition aux élections législatives organisées le 12 juin.
Retour en images sur le 112ème vendredi du #Hirak à Alger. pic.twitter.com/g4J06Wo92m
— Radio M (@RadioMPost) April 9, 2021
Le président Abdelmadjid Tebboune a dénoncé cette semaine les «activités non innocentes» qui «tentent d'entraver le processus démocratique en Algérie», et promis qu'à l'avenir l'Etat serait «intransigeant». Le Haut conseil de sécurité a examiné «les actes subversifs et les graves dérapages émanant de milieux séparatistes et de mouvances illégales proches du terrorisme, qui exploitent les marches» du Hirak, a-t-il précisé. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, une soixantaine de personnes liées au Hirak sont aujourd'hui derrière les barreaux, dont une trentaine écrouées depuis les marches du week-end du 3 avril. D'après le CNLD, deux manifestants ont été arrêtés à Alger, où la marche s'est dispersée dans le calme. Des manifestations ont également eu lieu ailleurs dans le pays, notamment à Constantine, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Annaba (nord-est) et Mostaganem (nord-ouest), selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Apparu en février 2019 dans le cadre du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical vis-à-vis de la politique en place depuis l'indépendance du pays en 1962. Le mouvement est accusé par le gouvernement d'être infiltré par des activistes islamistes, héritiers du Front islamique de salut (dissous en mars 1992), qui chercheraient à entraîner le Hirak dans la confrontation violente.