L’UE et les Etats-Unis exigent de la Chine la libération «immédiate» de Zhang Zhan
- Avec AFP
La «libération immédiate» de la journaliste citoyenne Zhang Zhan, condamnée le 28 décembre à quatre ans de prison, a été demandée par l’Union européenne et les Etats-Unis à la Chine.
L'UE et les Etats-Unis ont demandé le 29 décembre à la Chine de libérer immédiatement une «journaliste citoyenne» condamnée à quatre ans de prison après avoir couvert l'épidémie de Covid-19 à Wuhan (centre de la Chine).
«L'UE appelle à la libération immédiate de Mme Zhang Zhan», ainsi que celle de défenseurs des droits et personnalités détenues en Chine pour avoir rapporté des informations «d'intérêt public», a annoncé dans un communiqué un porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
«D'après des sources crédibles, Mme Zhang a été soumise à la torture et à des mauvais traitement durant sa détention, et sa santé s'est gravement détériorée. Il est crucial qu'elle reçoive une assistance médicale adéquate», a indiqué le porte-parole européen.
Un constat partagé par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo qui a appelé dans un communiqué «le gouvernement de la République populaire de Chine à la libérer immédiatement et sans condition» avant d'ajouter : «Le Parti communiste chinois a de nouveau montré qu'il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire au silence ceux qui remettent en question la ligne officielle du parti, même si cela concerne des informations de santé publique cruciales».
Mike Pompeo a régulièrement attaqué Pékin sur son rôle dans la pandémie. «La peur de la transparence et la répression des libertés fondamentales sont un signe de faiblesse, pas de force, et une menace pour nous tous», a-t-il asséné.
Michelle Bachelet, Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, a de son côté affirmé que la condamnation de Mme Zhang correspondait à une «répression excessive» de la liberté d'expression sur le Covid-19.
Le cas des 12 militants hongkongais
Bruxelles a également réclamé la libération de douze militants hongkongais arrêtés en août au moment où ils tentaient de quitter l'ancienne colonie britannique de Hong Kong en bateau à destination de Taïwan, et dont le procès à huis clos a débuté le 28 décembre à Shenzhen, en Chine continentale.
«Les accusés n'ont pas pu choisir leurs avocats [...] leur procès n'est pas ouvert [...] Leurs droits à un procès équitable et au respect des procédures n'ont pas été respectés», a dénoncé dans un communiqué distinct un porte-parole de la diplomatie européenne avant de conclure : «Nous demandons la libération immédiate de ces douze personnes et leur retour rapide à Hong Kong.»
Ces appels interviennent alors que la Chine et l'UE semblent sur le point de conclure, après sept ans de négociations, un ambitieux accord de protection réciproque des investissements, en dépit des accusations de travail forcé portées contre Pékin et critiques récurrentes sur les violations des droits de l'Homme formulées par l'Union européenne.
«Les restrictions à la liberté d'expression, d'accès à l'information, l'intimidation et la surveillance de journalistes, comme les détentions, procès et condamnations de défenseurs des droits de l'homme, avocats et intellectuels en Chine ne cessent de croître et demeurent une source de grande préoccupation», observait le premier communiqué de l'UE.
L'UE demande la libération immédiate de l'avocat Yu Wensheng, dont la condamnation à quatre ans de prison a été confirmée en appel mi-décembre. Elle réclame également celle des avocats Li Yuhan et Gao Zhisheng, des cyberdissidents Huang Qi et Wu Gan, du défenseur des droits Ge Jueping (arrêté en 2016 lors du G20 en Chine), de l'écrivain et militant Qin Yongmin, du militant de la langue tibétaine Tashi Wangchuk, du militant des droits de l'Homme Liu Feiyue, ainsi que de l'intellectuel ouïghour Ilham Tohti.
Zhang Zhan s'était rendue en février à Wuhan, alors en proie à l'épidémie de Covid-19, diffusant sur internet des reportages, notamment sur la situation chaotique des hôpitaux. Arrêtée en mai, accusée de «provocation aux troubles» et de diffusion de fausses informations, elle a été condamnée le 28 décembre à quatre ans d'emprisonnement par un tribunal de Shanghai.