Le président de BarakaCity demande l'asile politique à la Turquie
- Avec AFP
Accusée par le gouvernement de propager des idées prônant l'islam radical, l'association BarakaCity a été dissoute par le gouvernement. Son président et fondateur Idriss Sihamedi a demandé à la Turquie l'asile politique pour pour son association.
En pleine période de tensions diplomatiques entre Paris et Ankara, le président et fondateur de BarakaCity, Driss Yemmou, dit «Idriss Sihamedi», a demandé officiellement l'asile politique au président turc Recep Tayyip Erdogan pour son association, faisant état de menaces de mort.
«Nous vivons les pires heures de notre République en termes de respect des libertés publiques», a commenté auprès de l'AFP l'avocat d'Idriss Sihamedi, Me Samim Bolaky. «Au travers de cette décision, on prend la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen et on la met à la poubelle. On est dans une violation de la Constitution», a-t-il déclaré.
Bu yüzden sayın @RTErdogan'dan STK'mız adına Fransa'da güvende olmadığım için kendim ve ekibim adına siyasi sığınma talebinde bulunmak istiyorum.#barakacity#Erdogan
— Idriss Sihamedi (@IdrissSihamedi) October 28, 2020
Accusée par le gouvernement de propager des idées prônant l'islam radical, l'association BarakaCity a été dissoute le 28 octobre en Conseil des ministres, une «étape importante» dans la lutte contre le terrorisme selon Emmanuel Macron.
Depuis la décapitation en pleine rue, le 16 octobre, de Samuel Paty, professeur d'histoire dans un collège de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), par un jeune Tchétchène radicalisé de 18 ans, le gouvernement a établi un lien direct entre islamisme politique et terrorisme.
Dès la semaine dernière, il a prononcé la dissolution du collectif Cheikh Yassine après la mise en cause dans l'attentat de Conflans de son président Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour complicité d'attentat terroriste.
Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé son intention de dissoudre deux associations, BarakaCity et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). «Nous tenons cette promesse et cet engagement», a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil en confirmant la dissolution de BarakaCity. Quant au président français Emmanuel Macron, il a qualifié cette décision d'étape «importante dans notre combat», a ajouté Gabriel Attal.
L'association a aussitôt réagi sur Twitter en demandant «l'asile politique (...) à un pays garant de l'intégrité des musulmans». «Nous mettons tout en œuvre pour sauver les intérêts de nos bénéficiaires présents dans 26 pays», a-t-elle ajouté.
Islamisme radical
Le président de BarakaCity est par ailleurs soupçonné de cyberharcèlement et d'injures envers une ex-journaliste de Charlie Hebdo et doit être jugé en janvier prochain pour ces faits.
Le décret prononçant la dissolution de l'ONG lui reproche de propager des idées prônant l'islamisme radical. «Par l'intermédiaire du compte personnel Twitter de son président ainsi que des comptes Facebook et Twitter de l'association, elle diffuse et invite à la diffusion d'idées haineuses, discriminatoires et violentes», poursuit le décret.
Les avocats de l'ONG, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont pour leur part annoncé avoir reçu mandat pour contester en urgence devant le Conseil d'Etat la décision du Conseil des ministres.
Dans son décret, le gouvernement a justifié la dissolution de BarakaCity en mentionnant, entre autres, des messages d'Idriss Sihamedi «appelant de ses vœux un châtiment pour les caricaturistes», lors de la republication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo. Il affirme aussi que le président de BarakaCity s'est rendu personnellement en Syrie, en zone occupée par l'Etat islamique, en septembre 2018. Le texte estime que «l'ensemble des actes et prises de position qui émanent de M. Sihamedi ou de l'association doivent être regardés comme formant un tout révélateur des intentions de l'association et lui être imputés». Barakacity «se complaît à justifier des actes terroristes», insiste-t-il.
Dans la ligne de mire de Gérald Darmanin figure aussi le CCIF, qu'il a comparé, dans un entretien cette semaine à Libération, à une «officine islamique» œuvrant contre la République. La procédure de dissolution n'a pas été encore engagée mais le ministre affirme qu'elle est en préparation.
A ces mesures de dissolution d'associations s'est ajoutée cette semaine la fermeture temporaire de la mosquée de Pantin, au motif qu'elle a notamment relayé une vidéo dénonçant le cours de Samuel Paty.