Minsk et Moscou tiennent à ce que les «problèmes actuels» en Biélorussie ne soient pas «exploités»
Alors que les manifestations anti-Loukachenko se multiplient en Biélorussie, le président biélorusse et son homologue russe Vladimir Poutine soulignent que la situation dans le pays ne soit pas «exploité[e] par des forces destructrices».
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko se sont entretenus par téléphone ce 15 août, à l'initiative de ce dernier. Selon un communiqué du Kremlin, «Alexandre Loukachenko a informé [son homologue russe] de la situation en Biélorussie après l'élection présidentielle» et, à ce sujet, les parties «ont exprimé leur conviction que tous les problèmes actuels ser[aient] bientôt résolus».
D'après le même communiqué, «le plus important [pour les deux parties est] que ces problèmes ne soient pas exploités par des forces destructrices qui s'efforcent de nuire à la coopération mutuellement avantageuse entre les deux pays dans le cadre de l'Union de la Russie et de la Biélorussie».
La présidence russe indique également qu'«il a été convenu de poursuivre des contacts réguliers à différents niveaux et la disposition à renforcer les relations alliées a été confirmée, ce qui répond pleinement aux intérêts fondamentaux des peuples frères de Russie et de Biélorussie».
En outre, Alexandre Loukachenko a déclaré dans la soirée que Vladimir Poutine et lui avaient convenu qu'à la «toute première demande» biélorusse, «une assistance globale sera[it] fournie pour assurer la sécurité de la République de Biélorussie».
Pour Loukachenko, les manifestations font le jeu d'acteurs étrangers
Plus tôt ce 15 août, le président biélorusse avait fait savoir qu'il envisageait de contacter son homologue russe au sujet de la situation dans son pays. «La protection de la Biélorussie aujourd’hui, ce n’est rien de moins que la protection de tout notre espace, de l’Union de la Russie et de la Biélorussie, et c’est un exemple pour d’autres. Si les Biélorusses échouent, cette vague roulera là-bas», avait-il fait valoir lors d'une réunion gouvernementale.
Le chef d'Etat biélorusse avait également appelé les manifestants à cesser d'«aller dans les rues», suggérant qu'ils pouvaient être manipulés par des acteurs étrangers. «La plupart de ceux qui descendent dans les rues ne comprennent pas ce qu’ils font», tandis que «ceux qui coordonnent et guident [ces manifestations] le comprennent», avait assuré Alexandre Loukachenko.
Le président avait pointé du doigt de supposés acteurs étrangers dans la vague de contestation touchant son pays : «Aujourd'hui, certains sont déjà venus ici de Pologne, de Hollande, d'Ukraine, de cette «Russie ouverte» [organisation de l'ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovsky], de [l'opposant russe] Navalny, etc. L'agression contre le pays a déjà commencé. Dites-moi, comment un militaire agit-il ? Que dois-je faire dans cette situation ? Voulez-vous que je m'assoie et que j'attende que Minsk soit renversée ?»
Manifestations quotidiennes contre la réélection de Loukachenko
Près d'une semaine après la réélection du président biélorusse Alexandre Loukachenko, les rassemblements de manifestants contestant le résultat de ce scrutin se multiplient dans le pays.
Ce 15 août, plusieurs milliers d'opposants au président biélorusse se sont réunis à proximité de la station de métro Pouchkinskaïa à Minsk, près de laquelle un protestataire a trouvé la mort, le 10 août. La police a rapporté qu'il avait été tué par l'explosion d'un projectile qu'il s'apprêtait à lancer, mais des médias d'opposition soutiennent qu'il aurait pu être atteint par un tir des forces de l'ordre.
De plus, en début de soirée, au moins 3 000 personnes étaient rassemblées devant le siège de la télévision publique, dans la capitale, pour réclamer «la vérité» et protester contre la réélection du président biélorusse, selon l'AFP.
La veille, l'ex-candidate de l'opposition à la présidentielle en Biélorussie Svetlana Tikhanovskaïa avait appelé à la poursuite de manifestations «pacifiques et de masse» tout au long du week-end du 15-16 août, depuis la Lituanie qu'elle a rejoint en début de semaine après avoir subi, selon son entourage, des pressions. L'annonce de la réélection d'Alexandre Loukachenko a déclenché dès dimanche 9 août des manifestations dans toutes les grandes villes du pays ; la police a réagi en procédant à des milliers d'arrestations.
La répression des quatre premières soirées de manifestations, selon l'AFP, a fait «au moins deux morts et 150 blessés hospitalisés vendredi [14 août]».
Selon le ministère biélorusse de l'Intérieur, plus de 2 000 personnes interpellées lors de manifestations avaient été libérées au 14 août. Des personnes libérées ont témoigné à l'AFP de conditions de détention atroces : privation d'eau, de nourriture et de sommeil, passages à tabac ou encore incarcération par dizaines dans des cellules prévues pour quatre ou six personnes.
La Commission électorale centrale de la Biélorussie a rejeté toutes les plaintes au sujet d'une non-validité des résultats de l'élection présidentielle.