Révision de la constitution guinéenne : Alpha Condé en route vers un troisième mandat ?
Alpha Condé a annoncé le 19 décembre qu’un nouveau projet de constitution serait soumis à référendum. Pour l’opposition, le chef d’Etat, qui garde le mystère sur ses intentions, souhaite se maintenir au pouvoir à la faveur de cette révision.
Dans la soirée du 19 décembre, le président guinéen Alpha Condé a annoncé qu’il soumettrait par voie référendaire un nouveau projet de constitution. Pointant les «lacunes et incohérences» de l’actuelle norme fondamentale, le chef d’Etat guinéen a chargé son Premier ministre de mener «une vaste consultation de toutes les couches de la communauté nationale» afin de «recueillir leurs préoccupations».
«Après examen de projet de Constitution par la Cour constitutionnelle et réception de l’avis conforme de celle-ci, j’ai décidé de rendre public le contenu du texte», a-t-il poursuivi. Si, dans le nouveau texte présenté, l'article 40 stipule que «le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois», Alpha Condé, à la tête du pays depuis 2010, n'a pas pour l'heure précisé si la révision qu’il souhaitait entreprendre allait de facto remettre les compteurs à zéro et lui permettre ainsi de se représenter à nouveau à l'élection présidentielle prévue en 2020.
Doter la Guinée d’une nouvelle #constitution adaptée aux réalités de notre pays est une nécessité.
— Pr. Alpha CONDÉ (@President_GN) December 19, 2019
J’appelle tous les guinéens à se l’approprier et ensemble la #soumettre au vote en vue de son adoption par le #peuple indépendant et #souverain de #Guinée. pic.twitter.com/ejNeENSAAJ
Un silence qui en dit long pour l'opposition guinéenne : «Il s'agit ni plus ni moins d'un coup d'Etat constitutionnel», a déclaré ce 20 décembre à l'AFP Fodé Oussou Fofana, vice-président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principale force d'opposition. «Modifier une Constitution ou adopter une nouvelle Constitution pour se maintenir au pouvoir et empêcher l'alternance démocratique est une forfaiture, une haute trahison sévèrement condamnée par la Constitution du 7 mai 2010» et par les organisations africaines, a-t-il ajouté.
Evoquée fin septembre par le chef de l’Etat lui-même, cette révision constitutionnelle avait provoqué la colère de la rue : le 14 octobre, des heurts avaient en effet éclaté dans la capitale Conakry entre forces de l’ordre et manifestants qui accusent le président guinéen de vouloir se maintenir au pouvoir. Dans un communiqué, le ministre de l'Administration du territoire, le général Bouréma Condé, avait alors fait état de la mort de neuf personnes.