«Mecque des Révolutions» ? L’ambassadeur de France évoque le contexte politique en Algérie
Lors d’un discours prononcé à l’occasion de la fête nationale française, l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a évoqué la situation politique en Algérie, qui renoue selon lui avec «sa vieille tradition de pays révolutionnaire».
En raison de l'histoire tumultueuse de ses relations avec l’Algérie, la France peut difficilement rester indifférente à la situation politique actuelle de ce pays. Malgré ce passif historique, et pour éviter d’être accusé de verser dans l’ingérence, Paris s’est gardé de prendre clairement position sur les bouleversements inédits que subit l’Algérie. Depuis la mi-février, le mouvement de protestation, un temps dirigé contre Abdelaziz Bouteflika, se poursuit sans faiblir contre les proches de l’ancien chef d’Etat algérien, qui pour certains demeurent toujours en poste.
On dira peut-être bientôt qu’Alger est la Mecque des révolutions
Face à une grogne populaire qui ne faiblit pas, la France respectera-t-elle le sacro-saint principe de la neutralité ? La dernière déclaration de l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, sème le doute. S’exprimant à l’occasion de la fête nationale française du 14-Juillet, le diplomate s’est fendu de quelques propos pour le moins évocateurs.
Discours de l'Ambassadeur @XMDriencourt à l'occasion de la Fête nationale du #14Juillethttps://t.co/vgrChNwxMh
— France en Algérie (@ambafrancealger) 15 juillet 2019
«L’Algérie est ainsi revenue en peu de temps à sa vieille tradition révolutionnaire que la France, comme le monde, lui connaît bien. On parlait souvent d’Alger comme la Mecque des révolutionnaires, par les nombreuses rencontres internationales qui s’y tenaient ; on dira peut-être bientôt qu’Alger est la Mecque des Révolutions par l’exemple qu’elle donne à tous ceux qui, voulant transformer les vieux ordres et les systèmes anciens, refusent de payer le prix de la violence », a-t-il déclaré après avoir évoqué les vicissitudes de l’histoire révolutionnaire française.
Nous autres diplomates, n’avons peut-être pas vu juste
Et d’ajouter dans la même veine : «En cela, elle force le respect des autres nations, elle écrit une nouvelle page de son histoire et de l’histoire du monde sous le regard ébahi et admiratif de la planète.»
Avant cette rétrospective historique, le diplomate s'est livré à un mea culpa : «Nous autres, diplomates, n’avons peut-être pas vu juste. Il faut l’avouer, nombre d’entre nous n’avions pas perçu la formidable force de changement qui sommeillait dans ce pays. En quelques jours, nous nous sommes retrouvés dans un monde transformé, aux horizons redéfinis, aux perspectives nouvelles, et l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas celle que j’ai connue durant mes années passées ici.»
Cette sortie de l'ambassadeur français intervient alors que l'Algérie ne parvient pas à sortir de l'impasse politique. Tandis que l'opposition et les représentants de la société civile jugent inévitable la mise en place de nouvelles institutions afin de remettre à plat un système politique qu'ils honnissent, le président par intérim, Abdelkader Bensalah, ainsi que le chef de l'armée, Gaïd Salah, devenu l'homme fort du pays après la démission d'Abdelaziz Bouteflika, défendent bec et ongles l'organisation d'une élection présidentielle avant toute refondation politique.
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