Le massacre d’Odessa : 5 ans après, la tragédie est une plaie toujours ouverte
La ville d'Odessa commémore les 48 personnes tuées, la plupart brûlées vives, le 2 mai 2014. L'ONU dénonce une enquête au point mort, Kiev évitant de traduire les responsables en justice. Fraîchement élu, Volodymyr Zelensky changera-t-il la donne?
L'émotion est toujours aussi vive à Odessa en ce 2 mai, à l'occasion de la cérémonie de commémoration du drame au cours duquel 48 personnes ont péri dans le terrible incendie de la Maison des syndicats, il y a cinq ans jour pour jour. Poursuivies par des nationalistes radicaux, partisans de Maïdan, ces personnes avaient été contraintes de se réfugier dans le bâtiment, qui a pris feu. Une cérémonie d'hommage a également été organisée à Moscou. La Russie avait à l'époque fermement condamné les événements et, à nombreuses reprises, demandé à Kiev de mener une enquête sur ce dossier.
Si le souvenir est toujours aussi douloureux pour les habitants d'Odessa, c'est justement parce que l'enquête sur cette tragédie, qui a profondément marqué la ville, est toujours au point mort. Cinq ans après, les autorités ne sont toujours pas en mesure d'en identifier les responsables et personne n'a donc été traduit en justice. D'après un rapport de l'ONU, la responsabilité des autorités ukrainiennes est clairement engagée dans cet état de fait. L'ONU souligne en effet que Kiev n'a pas fait le nécessaire pour que des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales puissent être menées afin de faire toute la lumière sur ces évènements. «Le pouvoir n’était pas réellement intéressé à ce que justice soit faite pour les victimes», conclut l'ONU dans son rapport, publié cinq ans après les faits.
Zelensky attendu au tournant
Si le gouvernement de l'ancien président Petro Porochenko est mis en cause pour son inaction, la récente élection de son successeur Volodymyr Zelensky inspirera-t-elle une nouvelle approche des autorités ukrainiennes ? Le défi est en tout cas de taille pour le nouveau président ukrainien dont la gestion de ce dossier sera particulièrement observée, et donnera le ton de son mandat. L'ancien vice-Premier ministre Iouri Boïko, présent ce 2 mai pour rendre hommage aux victimes, résume l'état d'esprit qui règne dans le pays : «Je ferai tout pour que l'enquête soit menée. Je ferai tout pour que les responsables de ce meurtre soient punis.»
En attendant, signe que la plaie est loin d'être refermée, d'importantes mesures de sécurité ont été mise en place à Odessa pour ces commémorations. Plus de 2 000 représentants des forces de l'ordre ont été déployés pour éviter tout incident ou éventuelle provocation.
Le 2 mai 2014, 48 personnes s’opposant au coup d’Etat qui avait chassé le président Viktor Ianoukovitch du pouvoir quelques mois plus tôt mouraient dans l’incendie criminel de la Maison des syndicats d’Odessa, qui avait en outre fait plus de 200 blessés.
Poursuivies par des nationalistes radicaux, partisans de Maïdan, ces personnes avaient été contraintes de se réfugier dans le bâtiment. Sous les yeux d'une police impassible, les nationalistes les avaient alors empêchées de sortir du bâtiment en proie aux flammes, notamment en leur lançant des cocktails Molotov. La majorité ont été brûlées vives. Les images d'une rare violence, sur lesquelles ont voit des personnes sauter par les fenêtres et venir s'écraser en contre-bas, n'ont pourtant eu qu'un très faible écho dans la presse et les chancelleries occidentales.
Attention, les images ci-dessous peuvent être choquantes.