Combien veut la Turquie pour s’occuper des migrants ?
Lors du sommet entre l’Union européenne et la Turquie sur les migrants, Ankara a réclamé de 3 à 20 milliards d’euros pour «soutenir les réfugiés syriens en Turquie», selon des sources différentes.
Comme prévu, le marchandage sur l’aide financière à octroyer à la Turquie a commencé. En novembre dernier, l'UE avait convenu de verser trois milliards d’euros sur deux ans à la Turquie pour gérer ses 2,5 millions de réfugiés dont la plupart ont fui la guerre civile en Syrie. Le 4 mars, la Commission européenne a annoncé que les premières tranches de cette aide avaient été versées à la Turquie.
#Ankara demande trois milliards d’euros supplémentaires à l’#UE pour gérer les #migrantshttps://t.co/RFengx0sQ7pic.twitter.com/T8lqqdi4uJ
— RT France (@RTenfrancais) 7 mars 2016
Reste que cela semble insuffisant pour Ankara. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a confirmé que le Premier-ministre turc Ahmet Davutoglu demandait trois milliards d’euros supplémentaires à l’Union européenne jusqu’en 2018 pour pouvoir mieux prendre en charge les réfugiés syriens qui arrivent en Turquie. Il a présenté cette revendication lors d’une réunion préparatoire avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
Martin Schulz a confirmé que le Parlement européen «est prêt à faire tout son possible pour accélérer les procédures» d’octroi de cette somme. «Cela ne dépend pas uniquement du parlement européen, mais encore des Etats-membres, dans la mesure où ils sont prêts à octroyer ces moyens», a ajouté le président du Parlement européen.
Si l’on en croit une source de l’agence Reuters, Ankara aurait même réclamé à l’UE la somme de 20 milliards d’euros, conférant ainsi un air de chantage à la proposition turque.
En échange de ces 20 milliards d’euros, la Turquie aurait promis de reprendre tous les migrants qui ne viennent pas de la Syrie et qui ont été expulsé d’Europe, faute d’y avoir obtenu l’asile, ainsi que ceux qui ont été interceptés dans les eaux territoriales turques. Ankara devrait également sévir plus sévèrement contre ceux qui organisent ce trafic de migrants. De plus, Ankara exigerait encore que le régime sans visa entre l’Europe et la Turquie entre en vigueur à partir du mois de juin 2016 et non pas en octobre de la même année, comme prévu.
Ces nouvelles propositions d’Ahmet Davutoglu ont provoqué une modification de l’horaire du sommet qui pourrait durer jusqu’à lundi soir.
Selon Frontex, l'agence de l'Union européenne pour la gestion de ses frontières extérieures, 68 000 migrants sont arrivés en Europe à partir de la Turquie en janvier 2016, un nombre 38 fois supérieur à celui de janvier 2015.