Keir Starmer envisage d'envoyer des troupes pour former les Ukrainiens
Keir Starmer et Volodymyr Zelensky s'entendent pour «affiner» la formation des troupes ukrainiennes par la Grande-Bretagne alors que l'Ukraine, en difficulté sur le champ de bataille, a du mal à recruter des soldats.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le dirigeant du régime de Kiev Volodymyr Zelensky sont convenus, lors d’un appel téléphonique le 23 décembre, de «l'importance d'affiner» l'offre de formation du Royaume-Uni aux forces armées ukrainiennes pour «renforcer davantage les capacités de l'Ukraine sur le champ de bataille», rapporte la presse britannique citant un communiqué.
D’après le Times, le Premier ministre britannique a laissé entendre lors de cet entretien que des troupes de son pays pourraient être déployées dans l’ouest de l’Ukraine pour former des soldats sur place. Londres craint que les Ukrainiens soient réticents à s’enrôler s’ils étaient formés ailleurs que dans leur pays.
Des soldats de Kiev ont déjà été entraînés en Grande-Bretagne dans le cadre de l'opération Interflex, relève le journal, mais cette formation impliquait un long voyage, dissuasif pour les Ukrainiens. Selon le Times, ces derniers craignaient de ne pas recevoir la formation ou l’équipement nécessaire avant d’être envoyés sur la ligne de front.
Pénurie de recrues
Ainsi, le quotidien britannique explique que déplacer la formation vers l’ouest de l’Ukraine pourrait potentiellement rassurer les conscrits, dans un contexte où Kiev peine à recruter des troupes. Plus tôt cette année, Zelensky a abaissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans, mais résiste toujours aux pressions des États-Unis pour l'abaisser à 18 ans.
Début décembre, un autre quotidien britannique, le Financial Times, rapportait que les procureurs de Kiev ont ouvert 60 000 dossiers contre des soldats ayant quitté leurs positions entre janvier et octobre 2024, soit près du double du nombre total de désertions au cours des années 2022 et 2023 combinées. Ils seraient au moins 44 000 à être parvenus à fuir l’Ukraine, rapportait en juillet le Wall Street Journal.
«Mondialisation du conflit»
Lors de leur entretien téléphonique, Starmer et Zelensky ont par ailleurs reconnu l’importance des «semaines et mois à venir» avant l’investiture de Trump le 20 janvier. Le président élu des États-Unis a promis à plusieurs reprises qu’il mettrait fin au conflit ukrainien dans les «24 heures» suivant sa prise de fonctions, mais n’a jamais expliqué comment. Trump a également menacé de retirer l’aide américaine pour forcer Zelensky à s’asseoir à la table des négociations.
L’appel téléphonique entre Starmer et Zelensky intervient alors que des dirigeants européens, notamment britanniques et français multiplient ces derniers temps des déclarations au sujet de l’envoi de troupes en Ukraine, suscitant des inquiétudes au sein de l’opinion publique de leur pays, notamment quant à une potentielle «mondialisation du conflit». Le président russe Vladimir Poutine a récemment critiqué les États-Unis et ses alliés européens, dont la France, les accusant de provoquer une escalade des tensions et d'élargir le conflit.