En dépit des contentieux passés, Washington essaie d'obtenir un soutien des pétromonarchies sur le dossier gazaoui
Antony Blinken effectue sa quatrième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la crise à Gaza. Le secrétaire d'État des États-Unis espère obtenir l'appui de ses partenaires du Golfe, et ce, en dépit des nombreux contentieux passés. Les liens entre les pétromonarchies et Washington se sont distendus ces dernières années.
Ce 8 janvier, Antony Blinken était à Abou Dhabi pour rencontrer le président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed. Il a enchaîné immédiatement avec l'Arabie saoudite pour s'entretenir avec l'homme fort du royaume wahhabite Mohammed ben Salmane. Il se rendra ensuite en Israël, en Cisjordanie et en Égypte. Depuis le 6 janvier, il s'est rendu en Turquie, en Grèce, en Jordanie et au Qatar.
Antony Blinken en est à son quatrième voyage dans la région depuis le début des hostilités entre le Hamas et l'armée israélienne. Soutien inconditionnel à l'État hébreu, les États-Unis ont été vivement critiqués dans la région depuis le 7 octobre.
La tournée du secrétaire d'État vise en apparence à empêcher l'escalade régionale, avant de convaincre Israël d'opérer un changement de tactique militaire pour limiter les pertes civiles palestiniennes et commencer à penser l'après-conflit.
Les États-Unis souhaitent une désescalade mais arment Israël
Au cours de son entretien avec Mohammed ben Zayed, Antony Blinken a discuté notamment «des efforts visant à empêcher l'expansion du conflit dans la région et à répondre aux besoins humanitaires à Gaza», tout en précisant être «en faveur de la création d'un État palestinien indépendant». «C'est un conflit qui pourrait aisément se métastaser, causant encore plus d'insécurité et plus de souffrances», avait-il averti la veille à Doha.
Il n'en demeure pas moins que les États-Unis ont approuvé en novembre dernier une nouvelle aide militaire à l'État hébreu de 14,5 milliards de dollars.
La réunion avec Mohammed ben Salmane s'est déroulée à huis clos à l'extérieur de la ville historique d'Al-Ula, en Arabie saoudite.
Les relations entre Washington et les pétromonarchies se sont rafraîchies
Indépendamment du dossier gazaoui, les relations entre Washington et les pétromonarchies se sont détériorées ces derniers mois. Abou Dhabi et Riyad ont rejoint les BRICS le 1er janvier 2024 et l'organisation souhaite se passer du dollar pour les échanges bilatéraux, en privilégiant le commerce en monnaie locale.
L'administration Biden n'est plus en odeur de sainteté en Arabie saoudite. Le président démocrate voulait faire de Mohammed ben Salmane un «paria» et «recalibrer» ses relations avec Riyad, suite à l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Les liens se sont encore un peu plus distendus dès lors que les Émirats et la monarchie saoudienne ne souhaitaient pas s'aligner sur la politique des sanctions à l'égard de la Russie. Pire même, Vladimir Poutine a été reçu à Abou Dhabi et Riyad avec les honneurs le 6 décembre.
D'ailleurs, dans le cadre de plusieurs accords au sein de l'Opep+, les pays producteurs de pétrole se sont mis d'accord pour baisser leur production et ainsi maintenir des prix élevés. Chose qui n'a pas manqué de provoquer l'ire de Washington.