La paix au Proche-Orient reste lointaine, regrette Lavrov
Le ministre russe des Affaires étrangères a réitéré ce 13 décembre l’appel de Moscou à la création d’un État palestinien, afin de rompre l’engrenage de la violence au Proche-Orient. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, près de 20 000 personnes sont mortes.
À l’issue de son discours au Conseil de la Fédération de Russie, ce 13 décembre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a commenté auprès de la presse le conflit entre Israël et le Hamas.
Interrogé sur l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies, la veille, d’une résolution non contraignante appelant à «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» à Gaza, Sergueï Lavrov a estimé qu’au-delà des questions humanitaires, un cessez-le-feu «durable et permanent» était indispensable au Proche-Orient, «afin de résoudre les problèmes qui ne sont pas résolus depuis 75 ans». À cet égard, le chef de la diplomatie russe a réitéré son appel à la création d'un État palestinien.
Un État palestinien «avec pour capitale Jérusalem», qui «vivra côte à côte» avec l’État d'Israël «en paix, sécurité et bon voisinage», a précisé le ministre russe. «Nous en sommes très très loin», a-t-il toutefois ajouté. Pour Sergueï Lavrov, «le maintien de cette injustice – contrairement à ce qui a été solennellement promis en 1948 – va nourrir le terrorisme et l’extrémisme».
Soulignant que les États-Unis «se souciaient de cela également», le ministre russe a regretté que Washington «soit en train de réfléchir à un concept de manière cachée et peu transparente».
Lavrov appelle à la tenue d'une conférence internationale, sous l'égide de l'ONU
Le 12 décembre, Joe Biden a pour la première fois publiquement affiché ses divergences avec la façon dont Israël mène ses opérations à Gaza. «C'est le gouvernement le plus conservateur de l'histoire d'Israël» et la frange la plus à droite de l'exécutif «ne veut rien qui ressemble de près ou de loin à une solution à deux États», avait notamment déclaré le président américain, lors d’une réception destinée à lever des fonds pour sa campagne de réélection.
Lors de son intervention auprès de la presse, évoquant la piste d’un déploiement de Casques bleus, Sergueï Lavrov a également estimé que les Nations unies demeuraient réticentes à intervenir à Gaza. «Pour autant que je sache, l’ONU non plus n’est pas désireuse de s’impliquer dans cette situation alors que rien n’est clair là-bas, et qu’Israël dit catégoriquement qu’il mettra fin à l’opération contre le Hamas, ce qui signifie la destruction complète du Hamas», a déclaré le ministre russe. Plus tôt dans la matinée, celui-ci avait souligné devant les sénateurs russes que le nombre de tués, parmi le personnel des Nations unies à Gaza, constituait un «record».
Afin de résoudre ce conflit, le ministre russe a appelé à la tenue d’une conférence internationale. Conférence à laquelle les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU devraient participer, selon Sergueï Lavrov. «Une organisation comme l’ONU devrait jouer un rôle de premier plan dans l’organisation d’un tel événement. Et j’espère que le secrétaire général de l’ONU sera tout à fait capable de faire preuve d’une telle initiative», a-t-il souligné.
Suite à l'attaque du 7 octobre, perpétrée par le Hamas contre l'État hébreu où 1 200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées selon Israël et environ 240 personnes ont été enlevées, le Premier ministre israélien s’était engagé à «détruire» le Hamas. Selon le ministère de la Santé de ce dernier, plus de 18 200 personnes sont mortes dans les bombardements israéliens à Gaza, en grande majorité des femmes et des mineurs. L'armée israélienne a fait état d'une centaine de morts dans ses rangs.
Depuis le début de ce conflit, la Russie plaide une approche équilibrée face au conflit. Le Kremlin a condamné l’attaque du Hamas puis les frappes en représailles de l'État hébreu sur la bande de Gaza, appelant à un cessez-le-feu et répétant qu'une paix durable au Proche-Orient passait par la création d'un État palestinien. Moscou a également gardé des contacts avec le mouvement islamique, accueillant en octobre dernier une délégation du Hamas afin d'œuvrer pour la libération de ses ressortissants, dont trois furent relâchés fin novembre.